"Cahiers noirs film 1 Viviane" est un vibrant hommage d’un frère à sa sœur décédée, avec qui il a entretenu une relation fusionnelle, jusqu’à réaliser avec elle "Prendre femme" (2004) mais aussi "Les sept jours" (2008) et "Le procès de Viviane Amsalem" (2014). C’est pourtant "Prendre femme" qui sera le fil conducteur du film et qui génèrera tout au long de ce documentaire construit de manière éclatée, bien que chapitré, une sorte de tentative de thérapie familiale, dans cette famille où les relations sont difficiles, faite de bribes de confessions, captée par l’omniprésente caméra. Seront évoqués l’origine séfarade, la pauvreté des ascendants… "Je crevais d’envie de vivre" dira la mère à un moment, en abîme à "Prendre femme" dont l’histoire est visiblement la sienne. Le film est un va et vient permanent entre Paris et Tel Aviv, les beaux plans nocturnes baignés de la musique de Bernard Herrmann, Vertigo suite et ceux plus délavés d’Israël. Et puis il y a "La prophétie du berbère" faite à Shlomi, le frère, qui hante le film et l’esprit du spectateur. Le film entrelace avec habileté des moments de la réalité et de la fiction, se permettant à peu près tout, faire jouer le rôle du père par Simon Abkarian, qui joue le mari dans "Prendre femme". Et quel immense plaisir de revoir Ronit Elkabetz rire, parler, fumer, bouger, s’imiter plus jeune, réagir aux critiques du film… Vivante et éternelle, grâce à l’œil amoureux de son frère. Ces passages sont précieux, des hors champs plein de grâce. Des images inédites et remplies de vie bouillonnante de la comédienne.

abel79
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le 30 juil. 2022

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