"Cahiers Noirs 2 Ronit" bouleverse d’autant plus que l’on connaît la fin de l’histoire, et que ce second volet s’en approche inéluctablement. Comme pour le premier, le titre est flou avant que la focale ne le rende net. Ce qui tout de même frappe au générique, c’est la présence du diptyque en sélection officielle à Cannes en 2021… Je ne sais si un hommage a été rendu à Ronit Elkabetz, mais elle aurait dû recevoir une palme d’or d’honneur… L’aspect fusionnel entre frère et sœur se ressent dès le premier plan, où ils s’appellent chéri(e). Ce qui s’apparente à un plan documentaire, Shlomi entre dans la chambre de Ronit qui s’éveille, devient pour finir un plan fictionnel, tant l’actrice déploie, en racontant ce long rêve, une grande expressivité. Elle exprime ensuite une grande lassitude, remettant en cause le fait d’être exposée et le désir de l’être. Il y a pressentiment, intuition. Ce second volet sera la face sombre du diptyque, l’interminable fin de tournage de "Le procès de Viviane Amsalem", la scène du verdict rejouée de multiples fois… Un long plan fixe montre comment Ronit Elkabetz passe par toutes sortes d’expressions, d’émotions. La palette est riche. C’est aussi un film où l’objectif s’approche au plus près du visage, jusqu’à ne filmer que les yeux, en très gros plan. Les plans parisiens sont plus ternes (très beau travelling dans les rues sous la pluie, la nuit), plus froids. Ceux tournés en Israël semblent encore plus délavés. Cet ultime film, visiblement, sortira dans de nombreux pays, sollicitant Ronit Elkabetz pour la promotion (amusant passage aux USA). Jusqu'à la fin, l’actrice ne se départira jamais vraiment de son humour, s’amusant des situations difficiles qu’elle traverse, faisant comme si de rien n’était, vis-à-vis de ses jumeaux…Les derniers plans sont terribles et judicieusement agencés, au revoir Paris, au revoir Ronit.

abel79
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le 1 août 2022

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