Une pêche un peu fade, qui m'a laissé sur ma faim

Quelle déception ! J’avais entendu tellement de bien de ce film que je m’attendais à passer un grand moment. Hélas, il ne m’a pas fait vibrer. Je l’ai même trouvé plutôt fade, lent, presque ennuyeux. Il faut dire que les deux beaux jeunes hommes ne m’ont pas fait fantasmer et que leur idylle n’a eu que très peu d’écho en moi. La mise en scène, tout comme la photo m’ont paru ternes. Cette histoire, si elle est racontée de manière délicate et sensible, m’a semblé être traitée justement de façon trop timorée pour vraiment m’enthousiasmer.


Alors d’accord, les comédiens sont convaincants, la scène de la pêche est audacieuse et celle du père parlant à son fils émouvante et intelligente, mais à part ça, le reste m’est apparu bien trop sage, à l’image de Marzia, l’amoureuse abandonnée par Elio, qui ne trouve rien d’autre à lui dire que "je ne t’en veux pas, je t’aime, restons ami". Comme intensité romantique, on fait plus poignant.
Evidemment l’amourette entre Elio et Marzia n’est que secondaire, mais quand même, elle reflète bien le coté lisse de l’ensemble, avec des parents parfaits et des amoureuses éconduites qui savent se tenir sans faire de vagues.


Entre les deux hommes, le jeu de chat et souris à la mode "je t’aime moi non plus", qui prévaut pendant toute la première partie n’est pas inintéressant, mais néanmoins un peu longuet, d’autant que je n’ai pas vraiment senti monter l’exacerbation des sentiments, ni même la tension érotique entre les deux protagonistes. Du coup, c’est avec soulagement que j’ai accueilli leur première étreinte, mais moins dans le sens d’une apothéose atteinte, que pour me dire "ouf enfin, ça c’est fait" ;-).


Mais encore une fois, je pense que si on fantasme fort sur Oliver, le bel américain (aux airs de Robert Redford en plus costaud) ou sur je jeune Elio (genre Hugh Grant en plus gracile), ou si cette histoire évoque un souvenir particulier chez le spectateur, on doit ressentir tout autre chose. Comme ça n’a pas été mon cas, cet amour supposé marquant, ne m’a ni subjugué ni même émoustillé.


Ce que j’ai bien aimé, en revanche, c’est le traitement de cette aventure homosexuelle, comme une histoire d’amour universelle. L’auteur n’insiste pas sur le fait que ce soit "une histoire de gays", sur le coté tabou qu’elle aurait pu avoir, ni sur la différence d’âge entre les deux jeunes hommes (Elio a 17 ans, Oliver 24). C’est juste une rencontre entre deux êtres humains attirés l’un l’autre.


Mais c’est peut être paradoxalement ce coté politiquement correct, idéalisé, entre gens cultivés et bien sous tous rapports, qui m’a donné l’impression que cette aventure rare, comme le dit le père, manquait de substance et de corps, n’était ici qu’évanescente, comme effleurée du bout des lèvres. Vous me direz, effleurer du bout des lèvres, c’est très sensuel; oui mais si on en reste là, ça peut s’avérer frustrant.

Roinron
6
Écrit par

Créée

le 14 mars 2018

Critique lue 2.1K fois

34 j'aime

114 commentaires

Roinron

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

34
114

D'autres avis sur Call Me by Your Name

Call Me by Your Name
Sergent_Pepper
8

Ce sédiment de l’été.

Par une savoureuse coïncidence d’agenda, Lady Bird et Call me by your name sortent le même jour en France en plus de partager un de leur comédien, qui de second rôle ténébreux dans le premier devient...

le 3 mars 2018

300 j'aime

18

Call Me by Your Name
Velvetman
8

Dolce Vita

Dans une Italie bucolique et pittoresque, Call me by your name de Luca Guadagnino nous raconte avec fièvre les premiers émois de deux démiurges. Le film est aussi solaire qu’un premier été, aussi...

le 1 mars 2018

144 j'aime

7

Call Me by Your Name
IvanDuPontavice
8

Au détour d'un été.

Il me suffit d'écouter en boucle ou de me repasser en tête le sublime morceau "Mystery of Love" de Sufjan Stevens pour retrouver cette sensation si particulière que peu de films arrivent à partager...

le 6 nov. 2017

123 j'aime

15

Du même critique

Call Me by Your Name
Roinron
6

Une pêche un peu fade, qui m'a laissé sur ma faim

Quelle déception ! J’avais entendu tellement de bien de ce film que je m’attendais à passer un grand moment. Hélas, il ne m’a pas fait vibrer. Je l’ai même trouvé plutôt fade, lent, presque ennuyeux...

le 14 mars 2018

34 j'aime

114

Une pluie sans fin
Roinron
5

Memories of China

Fortement inspiré de Memories of murder (meurtres en série dans une province reculée, pluie incessante, faux coupable tabassé, vrai coupable non identifiable, background socio-politique) ce premier...

le 27 juil. 2018

28 j'aime

23

I Am Not a Witch
Roinron
7

Ma sorcière mal aimée

Vous connaissez la Zambie ? Et le cinéma zambien ? Personnellement je ne connais de la Zambie que les chutes Victoria, à la frontière avec le Zimbabwe, et encore uniquement par le biais d’un...

le 2 janv. 2018

21 j'aime

6