J'ai vu peu de films ces derniers temps qui donnaient autant envie de traverser l'écran pour m'installer dans leur monde. Avec sa villa italienne ouverte sur le soleil, entourée d'arbres fruitiers, bercée par le son du piano dont joue Timothée Chalamet (belle révélation, c'est certain), sa campagne paradisiaque et ses petits villages, Call me by your name, c'est le film idyllique par excellence. La romance estivale, brève et inoubliable, qu'il décrit, est presque anti-climatique : contrairement à un Brokeback Mountain, il n'y a pas d'obstacle dans cette passion autre que la pression que les deux amoureux, joués par Chalamet et Armie Hammer, s'infligent à eux-mêmes.
Le réalisateur Luca Guadagnino brode un film fait à la fois de petits riens et de grands souvenirs en devenir. C'est parfois long, on a presque envie de détester le bonheur indolent dans lequel baigne cette famille polyglotte bourgeoise, mais Call me by your name n'idéalise pas ces brefs instants. On a tous enjolivé et entouré d'un halo bienveillant les mémoires de notre adolescence, de nos émois de vacances. Call me by your name est une illustration soignée et délicate de ce sentiment doux-amer.