On peut très bien voir ce film en s'attardant uniquement sur ses défauts, il en a. Ce côté production internationale qui lisse les angles et en fait un film passe-partout, et qui fait que comme par hasard on le retrouve aux Oscars. Un lissage qui se retrouve dans le sentiment des personnages, ou rien n'est vraiment grave, sans conséquence. Ou tout le monde s'entend bien, dans une belle propriété bourgeoise du nord de l'Italie en ce doux été 1983. Et puis, on peut aussi voir le même film mais en regardant ses qualités, elles sont nombreuses. Celle qui me plait le plus c'est la façon absolument normale, presque banale, dont est traité l'homosexualité, par le cinéaste, comme par les protagonistes. C'est un sentiment amoureux, rien d'autre. C'est con à dire, mais si rare à voir. A ce titre, la déclaration finale du père est belle à pleurer, j'avais rarement vu ça. Elle vaut le film à elle toute seule. Cette passion amoureuse est si belle - comme est belle celle entre le héros et la jeune Marzia (excellente Esther Garrel, décidément) -, si naturelle, qu'elle ne peut être filmée que dans la plus infinie douceur, et donc le film n'est plus lisse, mais il devient infiniment doux, accueillant, comme cette propriété ou nous aussi on a envie de passer tous nos étés. Le cadre bourgeois n'est alors même plus un problème, ce n'est pas un film politique, ce cadre n'est qu'un écrin idéal, idéalisé pour que nos amants puissent se lover. En écrivant ceci, je me rends compte que j'ai été ému par la beauté de ce film, et c'est suffisamment rare pour le signaler. C'est un film simple, presque évident, fluide, et infiniment bien joué et bien monté (2h12 passent en un claquement de doigts). C'est aussi l'une des plus belles fins de films vues ces derniers temps. Ce dernier plan, sur lequel, presque par pudeur, vient s'inscrire le générique, pour camoufler ou adoucir la peine du héros, est beau à pleurer. Le jeune garçon pleure face caméra. Mais il est chez lui, au chaud, dans la maison de ses parents. Derrière, la neige tombe, l'hiver est venu, il fait froid. Mais il a face à lui le feu de cheminée, qui l'éclaire et le réchauffe. Puis il se met à sourire, tout en pleurant. Bien au chaud, dans sa maison, juste avant que sa mère ne l'appelle et qu'il détourne la tête vers elle pour recommencer sa vie, il comprend alors qu'il a vécu, que ces mois d'été l'ont changé et l'ont fait homme.
Et puis, dans la BO, en plus de 3 chansons inédites de Sufjan Stevens, "Love my Way" de Psychedelic Furs. Si ce n'est pas une preuve de bon goût !
https://www.youtube.com/watch?v=LGD9i718kBU