Quand on associe deux termes aussi imprégnés de sens que "cannibal" et "holocaust", on s'attend à des choses pas très sympathiques. Ben ouais le genre de film que tu dois regarder avec des halogènes, néons et toutes les lumières que tu peux allumer chez toi, toute voile dehors, de peur qu'un monstre ne vienne te dévorer.


Certes, il y a des cannibales au sens propre du terme, mais "holocauste" veut littéralement dire "sacrifice par le feu d’un animal après immolation". Par extension, il a fini par désigner le meurtre à grande échelle d’un groupe social ou ethnique, largement utilisé pour qualifier l'extermination des Juifs d'Europe pendant la 2è guerre mondiale par les nazis.


Le SEUL vrai "intérêt" que je peux trouver à ce "film-documentaire" (genre aussi nommé Mockumentary) réside au côté ethnologique, ou plutôt anthropologique donné par le réalisateur. En effet, l'on y voit une peuplade amazonienne s'adonnant à des rites supposés sacrificiels sur des corps humains. Bien que tout ceci soit très mal filmé, la caméra a l'air d'être posée sur les épaules d'un type avec de sévères symptômes qui rappellent étrangement Parkinson. Ainsi, personnellement, ce qui me fout la nausée ce n'est pas tant le sang ou les mauvais effets spéciaux de corps décharnés, mais davantage la caméra fluctuant çà-et-là tel un bateau sur des eaux capricieuses. Le reste n'étant que d'improbables scènes (parfois certaines sont longues à mourir, justement) où s'entrechoquent les dichotomies aux clichés niais au possible.
Le manichéisme, le "bien" versus le "mal" est bien latent lui aussi. Eux, les occidentaux, qui partent en expédition dans une région hostile, exigeante, dangereuse, se sentent comme investis par la sacro-sainte mission de devoir éradiquer les "sauvages", les mangeurs d'hommes, les exterminateurs, les méchants quoi.


La trame du film s'embourbe dans cette opposition entre des mercenaires de la cause humaine (?!) et des anthropophages vivant dans leur milieu au fin fond d'une forêt amazonienne. D'ailleurs, je me demande si l'appellation rite sacrificiel a ici un réel sens dans la mesure où l'on voit les reporters partis en expé dans cette tribu, brûler les habitations des locaux. Ont-ils été tués pour un quelconque dieu ou simplement parce qu'ils ont détruit lesdites maisons de paille ?! En définitive peu importe. L'histoire nous parle de rites, de sacrifices et de cannibalisme comme s'il s'agissait de la fin en soi, ce qui est d'ailleurs le but dudit film. Or, ce que mes yeux et mon cerveau voient, ce sont des putains d'hommes blancs qui se demandent pourquoi des aborigènes d'Amérique du Sud tuent, et surtout de la sorte, d'autres êtres humains.


Ce qui m'a apparu malsain, ce n'est pas ce que le film fut censé nous montrer, mais plutôt le côté dépravé des blancs qui s'aventurèrent dans cette contrée hostile, n'hésitant pas à tuer une tortue à la machette, brûlant pour je ne sais quelle raison les maisons des habitants de la forêt, se croyant investis par le pouvoir du "je fais ce que je veux car je suis le plus fort, le plus intelligent", l'homme blanc quoi, malsain, humiliant, destructeur.


Voilà. Ce pseudo film-documentaire est mauvais à souhait. Il est mauvais, n'apporte rien, ne construit rien, n'apporte aucun élément à la réflexion, sinon à se dire que l'occidental est vraiment abruti, et qu'il devrait se remettre en cause tout simplement, et qu'il a besoin de se faire tout petit parfois.

lehibououzbek
1
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les grands films de merde

Créée

le 2 janv. 2013

Critique lue 493 fois

1 j'aime

lehibououzbek

Écrit par

Critique lue 493 fois

1

D'autres avis sur Cannibal Holocaust

Cannibal Holocaust
Prodigy
7

Escroquerie putassière ou coup de génie ?

Cas difficile que ce Cannibal Holocaust, film à la fois provoc et sincère, raccoleur et subtil, vulgaire et terrifiant dans la justesse de son trait. Un film qui a longtemps aliménté les plus folles...

le 19 juin 2010

77 j'aime

16

Cannibal Holocaust
Xavier_Petit
7

"I wonder who the real cannibals are..."

Pour commencer, je tiens à dire que je n'ai pas vu la version d'une heure et vingt-six minutes, mais celle, sans aucun cut, d'une heure et trente minutes. Cela peut sembler insignifiant, mais après...

le 1 avr. 2015

56 j'aime

6

Cannibal Holocaust
Velvetman
8

La jungle, comme tombeau de l'humanité

Cannibal Holocaust. Le fameux Cannibal Holocaust. Le genre de film fascinant de par sa réputation qu’on n’ose pas forcément regarder par peur de l’extrémisme de la proposition de cinéma qu’on nous...

le 24 janv. 2015

48 j'aime

4

Du même critique

The Division Bell
lehibououzbek
9

The last bell is ringing

The Division Bell est tout simplement le dernier et ultime album studio de Pink Floyd. On est en 1994 et outre le fait qu'il soit le dernier de la superbe discographie du groupe, il est celui par...

le 11 janv. 2013

33 j'aime

10

In the Aeroplane Over the Sea
lehibououzbek
2

Cet album est juste une daube, rien de plus.

Je fus un mouton moi aussi. Ayant remarqué ça et là les critiques dithyrambiques, je me suis dit qu'avec de tels éloges je ne pouvais tomber que sur quelque chose de génial. Certes, Rat Diot Ed et...

le 11 févr. 2013

30 j'aime

68

Painkiller
lehibououzbek
10

La technique au service de la composition

Je suis choqué. Oui je suis définitivement choqué, abasourdi, en position PLS dans un coin, suçant mon pouce comme quelqu'un qui viendrait de subir un énorme trauma, et qui ne pourrait plus bouger...

le 14 févr. 2013

23 j'aime

1