Premier film important dans la carrière prolifique de Miklos Jancso Cantate narre l'errance existentielle d'Ambrus, jeune chirurgien de 32 ans tiraillé entre ses ambitions professionnelles, ses vacations amicales et ses aspirations amoureuses...


Littéralement ancré dans son époque Cantate témoigne de la modernité libertaire des années 60 et de l'Europe d'après-guerre. Si le film n'est pas encore entièrement réalisé sous le motif récurrent du plan-séquence ( Jancso y parviendra définitivement avec le beau mais un rien vaniteux Sirocco d'Hiver en 1969 ) il bénéficie déjà d'une maîtrise technique pour le moins remarquable, servi par la splendeur massive de son Noir et Blanc élégamment contrasté.


Si les intentions et le contexte historique demeurent déjà à la fois prégnants et sibyllins le cinéaste hongrois privilégie pour l'heure l'individualité au collectif, l'intimité au spectacle : ainsi Cantate suivra d'un bout à l'autre le tourmenté Ambrus, au gré de situations tour à tour urbaines et champêtres, allant parfois jusqu'à se frayer un chemin dans les sphères surréalistes ( la longue et magnifique séquence centrale de la surprise-partie - contemporaine du Désert Rouge de Michelangelo Antonioni - reste LE petit morceau de bravoure et d'incongruité dudit film...).


Ni plus ni moins qu'un film libre, moderne et d'une belle inventivité visuelle, marqué dès les premières minutes par la fluidité de ses mouvements de caméra et par l'audace de ses visions ( la fameuse opération à coeur ouvert mettant Ambrus face à ses responsabilités de jeune médecin ). Cantate n'est certes pas le film le plus représentatif du cinéma collectif et insurrectionnel de Miklos Jancso mais s'avère nettement digne d'intérêts formels et contextuels au regard de son Oeuvre. A découvrir.

stebbins
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le 3 janv. 2021

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