La classe européenne.

Bien que n'étant aucunement un auteur dans le sens Cahiers du Cinéma du terme, Curtiz a réalisé des chefs d’œuvre dans plusieurs genres cinématographiques. Entre autres un Aigle des mers et un Capitaine Blood qui attendront Master and Commander pour être égalés rayon cinéma d'aventures sur mer. Ou ce Roman de Mildred Pierce, film noir dont le portrait de femme prisonnière de sa condition de femme au foyer fascina à juste titre Fassbinder. Ce qui distingue le cinéma de Curtiz ? Une élégance dans le cadre, la photographie, les mouvements de caméra et ce que dégage le casting. Une élégance amenée par bien des cinéastes et techniciens européens exilés lorsqu'ils posèrent le pied à Hollywood au cours de la première moitié du 20ème siècle. Peu importe que Casablanca soit faux de A à Z: beaucoup de grands films hollywoodiens le sont. Peu importe que certains ou certaines puissent trouver datée l'idée de l'héroïsme du film. Comme chez Dumas, ce qui compte est la manière dont un type d'héroïsme est raconté. Et le film la raconte bien, avec des scènes mémorables citées un milliard de fois. Surtout, il tient d'abord par cette élégance dans tous les compartiments mentionnée plus haut. Casablanca rappelle qu'Hollywood est une usine à rêves. Dans le cas du film de Curtiz un usine dans laquelle chacun participe à son niveau, avec une précision d'orfèvre, à l'allure du produit fini.