Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent

Réunissant le haut du panier du casting à la française de l'époque, un Lino Ventura bien dans le ton, un Jean-Paul Belmondo déjà bien bébellisé et l’apparition de quelques seconds rôles de premier choix, avec entre autre le toujours bienvenu Bernard Blier, et même un acteur américain pour labellisé le tout, ce film signé par Henri Verneuil avec Michel Audiard aux dialogues, possède tous les atouts du bon produit d'action calibré à la française.


Alors, il y a des camions dans le désert, avec des gros bras, grandes gueules, pour les piloter, précepte déjà hautement mis en valeur par Henri Georges-Clouzot dans son Salaire de la peur, du dialogue bien couillu et franc du collier à la Audiard quoi, un casting de premier choix quand il s'agit de distribuer les baffes, quelques coups bien portés donc, et une photographie de qualité. Quelques élégances bien misogynes, deux trois vannes tendancieuses à faire sortir un socialo bien-pensant de ses gongs, et quelques héroïnes féminines posées ça et là. Vous l'aurez compris on est là en pleine franchouillardise, ça ne vole pas toujours très haut, c'est parfois vaseux, mais ça fait son effet car c'est plutôt bien troussé et de voir Lino Ventura distribuer des mandales ça vaut son pesant de cacahuètes.


Sachant souvent trouver le juste équilibre entre un divertissement bon enfant pas hilarant mais léger et ne s'encombrant pas de digressions ou de réflexions métaphysiques, et de l'action plutôt bien troussée et énergisante, le cinéma d'Henri Verneuil est le plus représentatif de ce certain cinéma d'une époque désormais, malheureusement révolue, du cinéma hexagonale. Sans atteindre la maîtrise de mise en scène d'un Jean-Pierre Melville ou d'un Clouzot, les films de ce réalisateur ont au moins l'avantage de divertir sans prendre le choux ou chercher à faire la leçon.


Cent Mille Dollars Au Soleil est un titre qui fleure bon le pur cinéma d'aventure à connotation westernienne, et dans cette voix que chercher à s'illustrer Verneuil avec un scénario limitatif et une dimension nulle autre que divertissante. Point de grandes envolées lyriques ou de dimension autre emportant l'adhésion au-delà de la simple écriture narrative exclusivement visuelle et basée sur l’exhortation imputable à des dialogues tonitruants toujours dans le juste ton. Du Audiard quoi.

philippequevillart
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le 7 juin 2017

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