Appréciant beaucoup les chroniques de Guillaume Meurice (un peu moins ces derniers temps), voir ce dernier réaliser un documentaire sur le Café de la Gare provoquait chez moi une vraie curiosité, faisant au passage coup double tant mes connaissances sur le sujet étaient assez rudimentaires. Si certains traits humoristiques peuvent ressembler à ce qu'il propose sur France Inter, il sait la plupart du temps intelligemment s'effacer derrière son sujet, laissant la parole aux principaux concernés, souvent de bons clients niveau anecdotes et réparties.
Avec un côté légèrement bric-à-brac manifestement maîtrisé, on se plaît à suivre les témoignages de Sotha, Romain Bouteille, Henri Guybet ou Thierry Lhermitte, exprimant joliment et avec une certaine émotion ce que l'endroit signifie pour eux et tout ce qu'il a pu leur apporter en tant qu'artiste. Sans doute un peu idéalisés (logique, la plupart sont encore vivants), Émilie Valentin et Meurice évoquent toutefois quelques tensions, notamment avec Coluche avant le départ de celui-ci.
Surtout, il y a un vrai regard sur ce qu'a pu incarner (et incarne encore en partie) le lieu, cette liberté totale, la dimension légèrement politique, au moins dans la logique artistique, le lien si particulier avec le public, notamment concernant le prix des places (savoureux moment). Au final, sans être marquant, « C'est moche, c'est sale, c'est dans le vent, c'est le Café de la Gare » se révèle joliment instructif et parfois sensible, notamment par sa capacité à montrer des images de futures vedettes pas encore grandes, ce qui ne les rend que plus touchants. Très sympa.