Le génie des « period drama » anglais réside dans les règles de vie en société, qui sont d’une rigueur telle que la moindre transgression de celles-ci fait naître l’émoi chez le spectateur devant les histoires d’amour les plus banales. On espère, on s’impatiente, on se tortille d’angoisse, les deux amoureux se frôlent et notre rythme cardiaque s’accélère. Imaginez les cris hystériques de mes comparses et moi-même, quand vint la fameuse scène de la baignade, où trois hommes nus se courent après au milieu des fougères et se retrouvent nez à nez avec les demoiselles!


Il n’y a que les anglais pour arriver à dramatiser à l'extrême les enjeux autour d’un baiser fougueux pendant deux heures sans que l’on ne s’ennuie. Quand on y réfléchit, tout ce résume à cela finalement. La belle Lucy Honeychurch rencontre George Emerson, jeune anglais mystérieux (i.e. regard ténébreux haha) à Florence, et finit par l’embrasser au milieu d’un champ à l’occasion d’un pique-nique, sous les yeux choqués de son chaperon, qui décide aussitôt de la ramener en Angleterre. Ô mes aïeux, la panique que ce baiser provoque! C’est un délicieux fil rouge qui mènera au bonheur de la réunion de nos deux héros. On se balade entre les paysages florentins et la campagne anglaise, la photographie est superbe.


Entre temps nous sommes gâtés par le formidable casting, emmené par ces dames bien sûr : Maggie Smith, vieille fille réduite au rôle de chaperon faussement sévère, vivant l’amour par procuration, Helena Bonham Carter, dont la rondeur des joues révèle les 20 ans, toute fraîche et pétillante, et Judi Dench, écrivaine pour qui les échanges amoureux n’ont pas de secret… Chez les hommes, Denholm Eliott est sûrement celui qui s’en sort le mieux, en pasteur malicieux, même si le beau Julian Sands a un physique loin d’être vilain… Daniel Day Lewis joue un personnage dont le balai est tellement coincé là où je pense, que son rôle à sens unique est d’un intérêt limité. Sinon le petit frère de Lucy, joué par Rupert Graves est assez mignon aussi… finalement on s’est bien rincé l’œil!


Amateur du genre ou pas, ne vous privez pas !

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le 19 févr. 2015

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Melly

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