Ces deux films vus cet aprem coïncident de manière étrange. Pourtant, rien ne les rapproche au départ. D'abord, "Un Week-end en famille", le nouveau film d'un des cinéastes emblématiques de la (déjà plus si) Nouvelle (que ça) Vague Allemande, Hans-Christian Schmid. Comme dans son précédent, il y a une très belle bande son de The Notwist (même si je préférerai qu'ils fassent des albums, c'est cool de les entendre). Même s'il ne réalisera sans doute jamais mieux que le terrassant "Requiem", il continue de faire des beaux films. Celui-ci est typique de cette école à la ligne claire dépressive. La vie d'une famille, réunie le temps d'un week-end, va bien évidemment partir en couille lorsque la mère, malade psychologiquement, arrête son traitement. Elle s'enfuit et se réfugie dans une forêt. Personne ne la retrouvera, à part l'un de ses fils, mais qui le taira, et elle passera pour morte. Le film est beau, mais marque un peu la fin du genre pour deux raisons : c'est toujours un peu le même film qu'on voit depuis 10 ans (et ça commence à se sentir) et ça commence à virer sévère au film bourgeois.
De l'autre côté, "Chatrak", troisième long-métrage du cinéaste Sri-Lankais Vimukthi Jayasundara, dont le second n'est toujours pas sorti d'ailleurs. Ici, comme dans son premier essai "La Terre Abandonnée", le cinéaste s'arrête sur des détails, des petites choses, souvent documentaires, pour construire sa fiction. Sa fiction en est parfois bancale, déséquilibrée, mais la part de documentaire qu'il y a dedans est suffisamment belle et réussie pour que le film le soit aussi. On est en Inde, et non au Sri-Lanka. Dans la banlieue de Calcutta. Il y a trois zones : des immeubles en constructions (ou désaffectés avant d'être construits), des champs, puis la forêt, immense et ténébreuse. Au fond de celle-ci, un homme à moitié animal vit dans les arbres. Il rencontre un soldat blanc qui se met à l'imiter. Retour au chantier avec un architecte qui revient de Dubai. Avec son amie Paoli, ils vont partir à la recherche du frère de cette dernière au fond de la forêt. Ils le ramènent mais, devenu autre, ne s’accommode pas à la vie urbaine. Il s'enfuit finalement, et cette fois pour de bon, au fond de la forêt.
Quelle heureuse coïncidence veut que ces deux films qui viennent de deux endroits éloignés, qui sortent en France à 8 jours d'intervalle et que je vois le même jour se ressemblent autant ? Dans les deux cas, l'humain refuse l'avancée de monde, refuse le contact, qu'il soit social, politique ou simplement humain, nie sa condition d'homme et préfère s'enfuir dans l'obscurité de la forêt sans fin...
Ces préoccupations contemporaines sont bien étranges et tout à fait passionnantes...
FrankyFockers
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le 7 févr. 2013

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