Chère Emma,

Un film n'étant pas issu de gros pays producteurs a au moins le mérite de dépayser un peu. Chère Emma part déjà avec ce bon point. Ce qui constitue un début de réponse à ma note plutôt élevée, et que je considère moi-même comme un peu trop généreuse pour ce que c'est.

Filmé avec des moyens corrects (décors et costumes simples/ qualité moyenne de l'image), ce film parait à première vue plus daté que son âge. Seule son OST se démarque du lot avec des musiques prenantes (quelques Mozart ou autre grand virtuose selon mes souvenirs). Ce genre de musiques sur lesquelles tu commences à pleurer sans raison apparente, si ce n'est la puissance des émotions dramatiques qu'elles véhiculent. Aura tragique accentuée par le grain et le flou de la pellicule, comme si le film lui-même était fatigué, usé par les drames qu'il évoque.

Europe de l'Est, Europe de l'Ouest, Amérique du Nord… positions différentes, problématiques moins. La fin de la guerre froide engendrée par la chute de l'URSS a des répercussions mondiale et les professeurs subissent plus ou moins les mêmes tensions quelque soit le pays. Et si je ne vous ai pas encore convaincus, je pense que l'on s'accorde tout-de-même sur le fait que tous les humains doivent se plier aux codes sociaux.

Les bases posées, nous nous apprêtons à suivre les destins d'Emma et son amie Böbe; deux jeunes enseignantes diplômées, que ces derniers n'ont pas vraiment l'air de protéger contre le chômage. Ni de se retrouver à la rue, ni des blessures du cœur, ni de la mort, en fin de compte.

On assiste alors à une dégringolade sociale, à un effritement de l'amour, pour instaurer une spirale de précarité et de tensions sentimentales. Pour mon grand bonheur, qui ne se limitent pas à du je t'aime / moi non plus. Mais qui se focalisent sur la dureté des conventions sociales (mariage, image en public) pour mettre l'accent sur les travers de notre système. Tous les personnages, plutôt attachants au final, sont tiraillés par la vie qui les malmène sous notre œil impuissant.

Oui, ce film reste assez cheap, le scénario n'est pas le plus transcendant, les acteurs ne jouent pas tous très bien. Il ne s'encombre pas de fioritures pour se focaliser sur l'évolution et les tensions psychologiques de ses personnages. Et c'est ce qui, tout compte fait, lui donne tout son charme. On se sent à la fois si près des personnages (des pélos lambdas sans surjeu ayant une profession aussi lambda (genre on est pas dans un 50 nuances totalement absurde)). Et si loin (semble d'un temps lointain du fait de la mauvaise qualité d'image, langue étrangère…). Regardé le soir, avant d'aller dormir, la mélancolie de ce film m'a juste happée. D'où mon 7 au final, juste pour les sentiments qu'il aura réussi à me procurer le temps d'une soirée.