En entrant dans le cinéma, on ne savait pas sur quoi on allait tomber, à part sur un film qui semblait d'apparence clairement taillé pour les césars.
Un biopic sur le premier artiste public noir dans une France encore confite de préjugée, interprété par Omar Sy, sorte de messie d'ébène du cinéma français, prince de la comédie depuis Intouchables.
Roschdy Zem, cinéaste de l'engagement, avait trouvé Chocolat avant même de penser au film.
Dans un rôle qu'on dirait écrit pour lui, Omar Sy se révèle physique et élastique, enchaînant les performances clownesques avec une agréable aisance doublée d'une auguste présence. Les choses se gâtent quand il s'agit de parler sérieusement. L'acolyte de Fred ne semble en effet pas encore tout à fait prêt à nous proposer de réels talents de dramaturge...
James Thierrée est en revanche bien plus constant, bien que sa présence aille et vienne au grès des envies, que l'on dirait lunatiques, de M. Zem.
Finalement, c'est en se pressant maladroitement le premier quart d'heure que le récit nous enlève toute empathie pour le géant au rire d'acier. Le film souffre d'une étrange malformation qui l'oblige à traîner un scénario boiteux, s'infligeant des petites claques en guise de rappel qu'il y a bien une histoire à faire avancer. Tantôt sautillante, tantôt languissante, l'intrigue et l'intérêt qu'elle suscite finissent par fondre comme neige au soleil, et nous transportent a un rythme claudiquant vers une fin sirupeuse frôlant le ridicule, jusqu'à l'indigestion de sucre.