En voilà un beau film qui vous fera sourire du début jusqu'à la fin. En voilà un film d'un humour de bon aloi qui vous mettra de belle humeur jusque tard dans la nuit. En voilà une belle histoire que vous aimeriez avoir inventée vous-même pour qu'on vous sache gré d'avoir fait passer un moment léger et d'avoir égayé la vie de tous, alors que les temps ne sont pas vraiment à rire.


Je me serais volontiers attablé avec Attilio, Giorgetto et le Professeur, à cette petite terrasse qui donne sur la place. J'aurais dégusté un verre de chianti ou siroté une autre délicatesse avec eux, puis demandé au taulier de mettre la dernière tournée sur ma note. Nous aurions reluqué les filles qui passent. Nous aurions regardé ensemble le temps passer doucement et les hirondelles happer joyeusement en vol les moucherons, puis nous nous serions racontés quelques histoires pour le seul plaisir de parler et surtout d'être ensemble. Je les aurais fait rire aux larmes avec une histoire vraie que je ne peux m'empêcher de vous raconter, même si, évidemment, elle n'est pas dans le film. C'est vous dire combien ce film m'a mis de belle humeur.


Si vous avez envie de partager mon humeur joyeuse et d'avoir un avant-goût du film, ne quittez pas des yeux Attilio, Giorgetto et le Professeur en lisant ce qui suit.


Bertrand avait besoin de quelques liquidités pour terminer sa soirée et s'est rendu au bourg voisin pour accéder à un distributeur automatique.Très sollicitées, surtout en fin de semaine, ces machines doivent régulièrement être réapprovisionnées en billets de banque. Un employé de la succursale bancaire est chargé de cette mission qui se fait de l'intérieur de la banque, en mettant momentanément la machine hors d'usage. Coïncidence ou hasard de la vie, Rémy se trouve derrière l'appareil et voit à travers un interstice le visiteur qu'il connait bien et de longue date. Adoptant un ton se rapprochant le plus possible de celui de certains automates doués de la parole, Rémy salue Bertrand en l'appelant par son nom, puis entreprend une véritable conversation, toujours sur le même ton. Bertrand répond, donne des nouvelles de son frère et de ses parents comme si de rien n'était. De retour au café, il raconte son aventure, constatant que décidément on n'arrêtait pas le progrès. Il faut préciser que la rencontre du troisième type de Bertrand a eu lieu alors que ce dernier avait déjà bu quelques demis de bière.


Le Professeur, ainsi appelé par ses camarades, était professeur de latin et de grec. Attilio répare, chine, achète, restaure, vend et veille autant sur sa fille, partie vivre sa vie depuis belle lurette, qu'elle surveille ses frasques du coin de l'oeil. Giorgetto, quant à lui, a toujours veillé à garder une distance raisonnable entre lui et le travail. Le premier a une pension de retraite dont il ne se plaint que parce qu'elle ne lui suffit qu'à payer ses loyers et charges, sa nourriture et les nectars de la vigne qu'il apprécie. Le second a toujours entretenu des liens distendus avec le registre de commerce et ce n'est pas demain la veille d'un rapprochement éventuel qui l'obligerait à des cotisations ruineuses et le contraindrait à renoncer à sa liberté d'entreprendre ou de ne rien faire. Quant à Giorgetto, son allocation Minimum Vieillesse est régulièrement amputée de faux frais du genre couverture santé.


Les trois amis sont, à des degrés divers, retirés des affaires, c'est-à-dire à la retraite. Cela ne signifie nullement qu'ils soient retirés des grands rêves. Justement, ils nourrissent celui de faire comme tout le monde et plus particulièrement comme un de leurs oncles : se retirer dans un pays ensoleillé où la vie ne serait pas chère et où il suffirait de tendre la main pour cueillir les fruits poussant sur un mât de cocagne. Mais quel pays choisir pour bénéficier des meilleurs avantages ? Tant qu'à entreprendre un périple et à rompre avec tout, autant choisir le meilleur et donc demander conseil.


De nombreuses menaces pèsent sur celui qui quitte le doux cocon de sa place romaine. Séismes, tsunamis, cyclones, dictatures impitoyables, instabilité économique, inflation et méduses peuvent gâcher une vie et en faire un enfer. De toutes les destinations envisagées, seules les îles Açores ne présentent aucune de ces menaces, mais on n'y parle pas l'italien et seulement le portugais. Va pour le portugais, dont l'apprentissage ne doit pas être...la mer à boire.


La préparation du voyage ne laisse rien au hasard. Les adieux sont faits, les économies retirées, les notes de café honorées, une cagnotte collective pour prendre les billets d'avion et faire face aux premiers frais est constituée. Il ne reste plus qu'à partir à l'aventure.


En quittant la salle de cinéma, m'est revenu en mémoire un reportage télévisé qui invitait à s'enthousiamer avec deux retraités français, expatriés au Portugal, et pour qui le must de la retraite était de jouer tous les après-midi aux cartes avec deux autres exilés dans une cafétéria portugaise. Je ne suis pas sûr que le Professeur, Giorgetto et Attilio auraient aimé participer à un tournoi de belote même européen et Attilio aurait certainement dit : “Tout ça pour jouer aux cartes même face à la mer ! ”

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le 29 août 2020

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