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Superbe actrice principale au regard aussi intense que la vierge en flamme, que j'espère retrouver dans de prochains rôles, un peu moins régressifs. Un visage étonnant, dense. Le film assume bien son canevas succinct et son rythme globalement flottant, en se concentrant principalement sur une stylisation hyper-sensuelle de l'image, restituant avec talent le rapport organique, voire tellurique du personnage de Clara avec son milieu (référence assez nette à l'iconographie entourant Gaïa).

On pense naturellement à la figure tutélaire de "Carrie", et avec finesse à l'évocation de la princesse d'Oncle Boonmee, sans le gros poisson ! Une énergie vitale assez sidérante incarne de nombreuses scènes. Le talent de Wendy C. Araya, danseuse contemporaine de profession, y est pour beaucoup, mais sa présence est trop mûre pour le rôle, ça ne colle pas, c'est une erreur ! (le scénario d'origine prévoyait une actrice de 10 ans plus jeune). Jolie relation pleine de douceur avec le jeune Santiago. Magnifique scène finale, empreinte de fantasy, aboutissement d'un processus de libération dont Clara aura éprouvé les étapes douloureuses (ne pas trop attendre des autres, d'un conjoint peut-être lui-même meurtri; sortir de l'enfance, en repoussant l'emprise toxique d'une communauté aux valeurs archaïques tout comme le détachement non moins violent du lien avec son double animal, Yuca, qu'elle fait périr symboliquement).

J'ai apprécié le travail de la mise en scène d'une sensualité rare, et la beauté de son actrice. On pourrait presque y voire finalement une fable écologiste, où Clara incarnerait la figure d'une planète meurtrie trouvant la voie de l'harmonie, telle un avatar de Gaïa. Un film de son temps que j'imagine souterrainement encouragé par les mouvements sociaux (écologistes,féministes entre autres...), qui ont grondé en Amérique latine ces dernières années (les deux jeunes scénaristes bien qu'expatriées, en sont originaires: Costa-Rica et Colombie).

Note: Son 3ème court-métrage "Asunder" (2015), permet de retrouver une thématique assez cohérente. Personnage immature, une légère tendance au narcissisme, sexualité contrariée, lien organique et semble-t'il vital avec la nature. Une certaine considération pour la marginalité (de rares individus noirs ici parmi une majorités blondinets). Fluidité agréable de la narration. Court-métrage pas très abouti sinon.

(Note: 6,5)

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le 20 oct. 2023

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