Cléo de Sphinx à diète
Pour entreprendre l’ascension du monument Cléopâtre, tous les sens doivent être en éveil. Bien sûr, on contemplera avec une attention particulière la grandiloquence d’un film qui fut un gouffre...
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Je ne sais pas pourquoi, j'ai eu envie de bloquer mon après-midi pour regarder le Cléopâtre mythique de Joseph L. Mankiewicz, avec Richard Burton et Elizabeth Taylor. Même si son aura mythique en question semble venir plus des conditions dantesques dans lesquelles il fût réalisé, que de ses qualités propres : caprices de stars, changement de réalisateur, budget - sans mauvais jeu de mot - pharaonique qui a failli couler la Fox, coupures franches dans un montage final qui aurait dû durer plus de 5 heures... Vous voyez le tableau.
Si je n'avais pas vu ce film auparavant, c'est car j'avais peur du résultat. En effet, à partir de plus ou moins 3 heures de bobines, les super-productions ont ceci de commun qu'elles ne connaissent plus la demi-mesure en terme de critiques. Pour une raison toute simple : non seulement leur longueur en font des expériences à part, mais surtout, plus un film est long, plus les spectateurs devront supporter longtemps ses éventuels défauts. Ainsi, elles peuvent souvent se diviser en deux catégories : les chefs d’œuvre absolus, et les grosses boursouflures. Or, Cléopâtre n'est pas spécialement cité parmi les chefs d’œuvre, d'où mon appréhension.
L'avantage de cette production, c'est qu'elle peut se diviser en deux parties distinctes : celle avec Jules César, et celle avec Marc-Antoine. Les deux personnages ont des personnalités différentes, et ne se rejoignent que par leur confiance mutuelle, leur charisme, et l'amour qu'ils portent à la reine d’Égypte. Ces différences auront un impact concret sur l'ambiance et le ton global ; Jules César est un homme fatigué mais brillant, fier et noble, et interprété par un Rex Harrrison éclipsant complètement le reste des acteurs, tandis que Marc Antoine est une figure plus fougueuse, plus jeune, plus passionnée, mais aussi plus manipulable, rongée par l'alcool, l'ambition, et son amour pathologique pour Cléopâtre.
Tout cela fait que la première partie, celle qui pose les enjeux qui décrit la relation entre Jules César et la reine, est de loin la plus réussie, servie par des décors incroyables et un sens du faste tendant au ridicule. Les deux personnages principaux y montrent tout leur savoir, toute leur intelligence, et tout leur sens politique mais aussi leur humanité. L'histoire aurait pu s'arrêter au moment de l'interlude sans que cela donne l'impression d'une fin précipitée, et c'est certainement ce que Mankiewicz avait en tête, puisqu'il proposa à l'époque la sortie sous la forme d'un diptyque.
En comparaison, la seconde partie joue plus la carte de l'amour maudit, et peine à captiver autant. Cléopâtre y devient un personnage plus quelconque, Marc Antoine - absent une bonne partie du début - ne remplace jamais son illustre mentor, et le scénariste a décidé de faire de l'antagoniste une figure de lâche ce qui, forcément, l'empêche d'apporter un souffle épique qui aurait sans doute été nécessaire. Et cela fait perdre de son impact à un final pourtant tragique.
Cléopâtre reste un film à découvrir, pour son excellente première moitié et parce qu'il appartient à l'Histoire du cinéma, mais en sachant qu'il exploite son meilleur personnage et ses meilleures intrigues avant d'en arriver à l'interlude (même s'il n'arrive qu'au bout de 2 heures).
Pour la biographie de Cléopâtre, je préfère la version de Mushi Prod. Si nous enlevons le voyage temporel, la chirurgie esthétique (quoique), et les ninjas, c'est la même histoire.
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Créée
le 29 juil. 2015
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