Hommage aux sauveteurs de la mer

"Cost guards" est un film de plus sur les sauveteurs, mais il se démarque des autres. En effet, les héros sont en général des policiers, des pompiers, ou encore des médecins, mais ici on nous offre un portrait de sauveteurs en mer.
Le monde du sauvetage est difficile à concilier avec une vie de famille, surtout quand les urgences se succèdent n’importe quel jour et à n’importe quelle heure. Les scénaristes n’ont pas oublié ce détail qui a son importance dans la psychologie du personnage principal. Ben Randall (Kevin Costner) est confronté à ce grand problème qui va être à l’origine du grand tournant que va prendre sa vie. Bien que la déchirure du couple est émotionnellement triste pour le spectateur, le film ne s’enlisera pas dans le mélodramatique à outrance.
Les thèmes mis en avant sont le courage, la sagesse, l’abnégation et l’humilité. "Sauver ou périr", telle est la devise des sauveteurs en général, et portée par l’affiche. Mais on note un petit bémol ici : périr, d’accord, mais qui pourra être sauvé après ? C’est pour cela que des fois, "il faut savoir dire non", surtout si c’est pour y laisser sa vie ET celle de la victime.
Les scénaristes ont donc eu le souci de la réalité des choses, et pour ce faire ils se sont entourés de véritables sauveteurs en tant que consultants d’une part, et inspirés d’anecdotes de sauveteurs expérimentés d’autre part. Il en ressort un film incroyablement humain, dans lequel une légende du sauvetage devra passer malgré elle le flambeau. Entre quelques scènes assez impressionnantes, et apprentissage du métier à un groupe de jeunes qui ignorent ce qui les attend, "Cost Guards", en plus d'être un sacré hommage aux hommes de la profession, est un très bon divertissement dans lequel l’aura de Kevin Costner n’aura pas réussi à intimider le jeune et prometteur Ashton Kutcher dans la peau de Jake Fisher.
Loin de ses rôles habituels, ce dernier est surprenant d’émotion lorsque son instructeur découvre le lourd fardeau que porte Jake Fisher, alors qu’il essaie de le cacher derrière une façade de mec sûr de lui à l'arrogance relativement exacerbée, subjuguée par les aptitudes naturelles dont il est doté en natation.
Je donnerai une mention spéciale à Sela Ward (que nous avons plus l’habitude de voir dans "Les experts Manhattan"), très touchante en émotions quant à la condition de son personnage.
Il en ressort donc une œuvre où le mythe du héros est décortiqué, où ce métier a des répercussions autant physiques que psychologiques et émotionnelles, où le sauvetage dans son sens noble du terme demande bien des sacrifices, que ce soit au niveau de la vie privée ou que ce soit au niveau de l’hygiène de vie. Andrew Davis a su rendre tout cela, tout comme il a su mettre en avant une certaine tension, une relative intensité dramatique, tout en présentant le danger que représente chaque mission de sauvetage avec des personnages humanisés. Un très bon divertissement doublé d'un bel hommage à ce dur métier et qui suscite, si on prend la peine d'y réfléchir un peu en laissant de côté ce parfum manichéen que certains ont cru détecter alors qu'au vu du sujet cela paraît inévitable, du respect envers ces hommes prêts à tous les sacrifices pour sauver la peau des gens en péril qui quelquefois l'ont pourtant bien cherché.