Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

Voilà un film qui n’a vraiment pas bonne réputation. À sa sortie, déjà, le film n’avait pas soulevé les foules alors que Sly était une star absolue. Évidemment dessoudé par la critique, son succès en salles fut plutôt modeste. Aujourd’hui encore, le public boude ce thriller d’action qui ne démérite pourtant pas. Pire que ça, on le réduit à un pur nanar qu’il n’est pas à mes yeux. Pur produit des années 80, estampillé Cannon, on retrouve de nombreux éléments qui ont fait la réussite des polars de cette époque. Ambiance glauque, psychopathe bien ravagé et policier aux allures de justicier, on est vraiment dans le créneau. Un créneau qui n’est, bien entendu, pas exempt des clichés de l’époque avec ses levers et couchers de soleil, ses dialogues à l’emporte-pièce et ses raccourcis douteux mais le résultat fonctionne plutôt bien, et même mieux que dans mon souvenir.


Scindé en deux temps, Cobra est d’abord un film noir bien poisseux avant de basculer dans le film d’action. On pourra regretter que la première partie ne soit pas davantage fouillée, notamment pour dresser le portrait d’antagonistes défendant une idéologie mal dégrossie. Des éléments sont évoqués mais le film semble par endroits lacunaire comme s’il avait été charcuté au montage, ce qui ne semble pourtant pas être le cas. Cinq minutes à peine auraient cependant suffi à développer certains points. Cela ne gâche pas une première partie qui marie suspense, courses poursuites et enquête avec efficacité. La deuxième partie, quant à elle, est surtout portée par son excellent final dans une fonderie qui conclut parfaitement le travail de couleur autour du noir, du rouge et de l’orange.


Car, il faut le dire, même si elle est terriblement tape-à-l’œil, bien évidemment, la réalisation fait le job. Elle crée une atmosphère vraiment sympathique et de nombreux plans sont très réussis. On croise, par ailleurs, quelques gueules qui vont bien, de celle du très vilain Brian Thompson à Andrew Robinson, hélas bien délaissé après avoir été le fameux Scorpion de L’Inspecteur Harry. Et puis, et c’est essentiel dans ce type de films, les scènes d’action sont maîtrisées, à la fois nerveuses et lisibles, à une époque où on faisait encore de vraies cascades et où on ne se cachait pas derrière un montage déconseillé aux épileptiques. Déjà à l’aise derrière la caméra dans Rambo II, George Cosmatos est à nouveau à la hauteur ici et livre un film qui fait vraiment le job. Après, pour ceux qui s’attendaient à voir du Bergman, évidemment, c’est autre chose…


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le 30 nov. 2022

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PIAS

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