Cocksucker Blues
6.8
Cocksucker Blues

Documentaire de Robert Frank (1972)

Regarder "cocksucker blues", c'est regarder un des secrets les mieux gardés des Stones et avoir sous les yeux un mythe qui sent le souffre.

"Cocksucker blues", (le blues du suceur de queues" qui ôte définitivement nos derniers doutes sur une éventuelle bisexualité de Jagger,) est à l'origine la dernière chanson que les Stones devaient à Decca. Après avoir entendu les premiers vers 'par qui vais je me faire sucer la queue ? Ou est ce que je vais me faire enculer ?" le PDG de Decca a foutu les Stones dehors de son bureau. Mais la chanson ouvre le film.

Qu'y a t'il dans ce mythe ? Eh bien à peu près tout et rien. Totalement foutraque, il mélange allègrement images de concert; coulisses, anonymes et images prétendument scénarisées.

Je ne ferai pas de résumé, tout d'abord car il n'est pas évident de résumer un documentaire et surtout parce que finalement il ne raconte rien.

Certaines images sont passées à la postérité : celle de Keith balançant une télé par la fenêtre est d'ailleurs dans "Stones in exile."

Le reste ? Les Stones dans toute leur débauche, leur statut de dieux vivants, leur légende tenace. Les Stones comme tant de personnes les ont rêvé : sublimes, monstrueux, débauchés.

Keith, torse nu, image vivante du looser magnifique si cher à Kerouac, joue un blues sur un piano. La caméra part en gros plan sur l'entre jambe de Mick qui baisse sa braguette et glisse la main. Robert Franck a à cet instant, a capté les glimmers twins et leur relation maso tango mieux que personne : le sexe et le narcissime pour l'un, le blues et la musique pour l'autre avec en pointillé ce désir frustré et jamais assouvi.....

Ce plan, plutôt long se termine par Jagger, l'oeil dans l'appareil photo, Narcisse 72.

Le reste ? "Happy" chanté dans une chambre d'hôtel, puis en live. Charlie Watts à part, loin de tout cela, heureux de jouer au billard dans l'anonymat. Mick Taylor épuisé, endormi sur un banc de pierre. Et ce sentiment constant que ces gamins épuisés, à bout de fatigue, tristes d'être loin des gens qu'ils aiment sont largués, dépassés par ce qui leur arrive.

Une fille et un mec se shootent. Keith qui s'ennuie passe avec un ami la télé par la fenêtre. Ils roulent dans des voitures séparées, tirant sur un joint, discutant, riant..comme nous.

Et le public hystérique. Et les requins qui rôdent. Et Jagger qui se déshabille et passe son "armure" de scène avant de s'envoyer un rail de coke sur un couteau. Et Richards défoncé, largué, en constante communion avec cette guitare qu'il aime à la folie. Et les autres, derrière.

Que retient on de "cocksucker blues ?" Qu'il faut le voir et enchaîner avec "Shine a light". Pour se rendre enfin compte que pour rester ce qu'ils sont, les Stones n'avaient qu'une solution : mourir à 27 ans. Ils ont survécu, malgré tout. Et sont encore ensemble, malgré tout. Combien sommes nous à travailler depuis 50 ans avec les mêmes personnes ? Pas nombreux.

A l'heure où ils préparent une ultime tournée mondiale, où Jagger, durement éprouvé va de nouveau enfiler son armure et monter sur scène entouré de ses "frères d'âme", souvenons nous de "cocksucker blues." Ces types sont toujours là. Ce n'est que du rock and roll, mais parfois, c'est la seule chose qui compte.
ladymarlene
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 16 avr. 2014

Critique lue 486 fois

6 j'aime

ladymarlene

Écrit par

Critique lue 486 fois

6

D'autres avis sur Cocksucker Blues

Cocksucker Blues
ladymarlene
8

Du blues, du blues, du blues....

Regarder "cocksucker blues", c'est regarder un des secrets les mieux gardés des Stones et avoir sous les yeux un mythe qui sent le souffre. "Cocksucker blues", (le blues du suceur de queues" qui ôte...

le 16 avr. 2014

6 j'aime

Cocksucker Blues
BB_Prince
9

Critique de Cocksucker Blues par BB_Prince

Le seul documentaire qui nous fait comprendre ce qu'étaient les stones : entre mick jagger l'excité de service, keith toujours dans la lune, Mick Taylor toujours là pour un spliff... Bref, une mine...

le 30 oct. 2010

3 j'aime

Cocksucker Blues
XavierChan
6

Critique de Cocksucker Blues par XavierChan

Cinema-vérité de la défonce, de l'ennui et d'une génération libre où les excès étaient tout simplement le moteur de leur propre jouissance au monde. Assez effrayant mais pas non plus d'un immense...

le 19 avr. 2016

1 j'aime

Du même critique

Beauté fatale
ladymarlene
5

Aliénation ? Faut voir....

Je mets une honnête moyenne à "beauté fatale" car je considère que c'est le genre de livre à lire. Mais quelle condescendance ! Quel mépris ! Quel ton moralisateur et donneur de leçons chez Mona...

le 21 nov. 2013

15 j'aime

10

2 Broke Girls
ladymarlene
8

Très chères filles fauchées...

Je les aime bien, moi, ces 2 broke girls. Je les aime bien mais comme je ne suis qu'amour, douceur et tolérance, vous pouvez venir me dire que c'est nul, que j'y ai rien compris puisque de toute...

le 27 nov. 2013

12 j'aime

7

How I Met Your Mother
ladymarlene
4

La culture du vide.

"How i Met your mother" est une série qui à priori, a l'air inoffensive avec comme seul but de distraire et de faire rire. Soyons objectifs : elle atteint son but, du moins dans les 4 premières...

le 4 nov. 2013

12 j'aime

27