Je me suis dis "oh non, encore un film avec pour toile de fond la seconde guerre mondiale... Qu'est-ce qu'ils vont encore inventer?" Bon, il y a du bien et du moins bien...
Alors que l'action se déroule au lendemain de la guerre, durant "l'année zéro" où l'Allemagne panse difficilement ses plaies, Coeurs ennemis est avant tout un mélodrame qui relate d'un trio amoureux en quête d'un nouveau départ. Le cadre spatio-temporel est donc porteur de toute une ambiguïté chez ces personnages. Au départ un peu rébarbatif et convenu, le scénario se risque à certaines longueurs où les émotions gagnent en profondeur. C'est alors que le deuil et la culpabilité s'entremêlent avec le désir, offrant alors des scènes fortes, parfois brusques et souvent larmoyantes. Si on se prête au jeu, l'histoire se révèle agréable à contempler. La mise en scène de James Kent est élégante, le contexte intéressant et les acteurs livrent de beaux sentiments.
Mais on regrette que le scénario soit aussi prévisible dans son ensemble et qu'il se contente de faire sonner les violons pour nous émoustiller. C'est un peu trop "nian-nian" sur les bords, si bien que l'enjeu du contexte historique arrive au second plan... Esthétiquement, il y a un contraste net entre les ruines de la ville et la renaissance de ces personnages en perdition dans un cocon moderne et joli. Quelques bavures, en dehors de l'intensité des émotions, n'auraient pas été de trop. En fait, la force de Coeurs ennemis réside dans son côté romanesque. Une touche rose sur fond noir, qui atténue considérablement le danger et l'imprévisibilité.
Keira Knightley signe son énième mélodrame en costumes, et qui plus est, à l'étranger. Ce qui fait que sa performance, parfaite en tout point, laisse quelque peu indifférent car déjà-vu. Cela dit, ses partenaires masculins, Jason Clarke et Alexander Skarsgard, interprètent étonnement ces passions étouffées et tourmentées par l'horreur de la guerre. Le trio se complète à merveille. A noter dans un second rôle difficile la performance de la jeune actrice allemande, Flora Thiemann.