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Comets
6.1
Comets

Film de Tamar Shavgulidze (2019)

"Comets" débute par cette phrase de Sylvia Plath :"Tes comètes ont un tel espace à traverser, tant de froid et d'oubli" sur fond de musique électronique.
Le film se place d'emblée dans ce qui sera son principal décor, un jardin de campagne, paisible et vaste. Les affaires de famille occupent des discussions ciselées, dans un ensemble de plans doux, aux couleurs pastels, la femme est vêtue d'une robe bleu clair simple, blanche dans un écrin de verdure .A un moment, il y a un plan de la table délaissé qui est une belle nature morte. On dirait que rien n'a changé, ici, les flashbacks s'intègrent très naturellement par leur même gamme chromatique et confirment cette idée d'immuabilité. La conversation peut se faire politique, à mi-mots, sur la présence russe (Cela fait maintenant plus de douze ans que les forces russes ont envahi la Géorgie et occupé 20% de son territoire. La Russie continue de violer la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie avec sa politique agressive de " frontière mobile ", une stratégie qui implique l’annexion progressive de petits segments du territoire géorgien par l’expansion de ses zones d’occupation déjà illégales." © Réseau d'analyse stratégique [RAS]). L'irruption de la deuxième femme introduit tous les signes d'une urbanité : lunettes noires, jean, bottines. Le passé et le présent se confondent dans ce même jardin, plans repris en miroir entre passé et présent.Les différentes strates du passé des deux femmes est longuement évoqué entre elles, il y a un plan très beau, où elles rentrent dans la maison, et c'est toute la beauté du sentiment inchangé qui apparaît alors. Le film est exclusivement peuplé de femmes, soit parce que l'homme est mort, ou a différé sa venue. Un plan curieux filmé sur un chemin de terre qui traverse une vaste steppe nous montre les deux femmes, à un âge intermédiaire, jouer de clignements d'yeux, sur fond de musique électronique. Un film dans le film, tant il est isolé du reste. La fin fait entendre une voix masculine qui s'adresse à la première femme. "Comets" est le second long-métrage de Tamar Shavgulidze. La grande maîtrise formelle de l'ensemble en fait une cinéaste à suivre.

abel79
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le 29 mars 2022

Critique lue 46 fois

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