Quand le cinéma d'art et d'essai en devient comique, et que le choix de ces 2 Acteurs pour l'interpréter prend des allures de méchante rivalité, des scènes où chacun trouve l'autre complètement ridicule. Ce jeu impitoyable qui consiste à démontrer qui est le meilleur, l'inspiration ultime qui les traverse et les emporte vers des émotions aux couleurs de la vie. Tous ces sentiments qui les rendent vraiment grotesques, tellement absurdes, devant un égo qui ne se mesure plus, tant leurs têtes sont si énormes. Qu'il faudrait pouvoir la dégonfler, sous la direction d'une réalisatrice totalement excentrique, tyrannique, Lola, incarnée par l'excellente Penélope Cruz, qui les rend fou, par ses névroses qu'elle tente de développer à travers eux, afin d'y retrouver l'image parfaite du film, ce qui donne lieu à des répétitions amusantes, des oppositions ou fusent des insultes passionnées, dans un drôle d'exercice de style, juste afin d'y assouvir le projet d'un vieux milliardaire, Humberto ( José Luis Gomez ), heureux de payer n'importe quoi, pourvu que son nom et son héritage puissent s'inscrire dans le monde de l'intelligence de l'art.


C'est alors la rencontre au sommet, entre l'éclatant et le discret, le Maître, et la Star, Ivan ( Oscar Martinez ), l'homme de théâtre et de cinéma. Le vrai aux méthodes d'intello, qui aime aussi la musique de dingo, et Félix ( Antonio Banderas ), un produit commercial, une vie pleine de jolie fille, un acteur au top de sa forme. Deux remarquables interprétations dans ce film, où ils se plaisent aussi à jouer des versions exagérées et hilarantes de leur personnage public, que chaque jour Lola test dans de nouvelles nuances d'inconfort, qu'elle expérimente et cherche à saisir, afin d'y déceler la moindre faille, qui bien entendu se paye cash. Tel est le niveau d'exigence que demande l'art, ou bien peut-être ce manque de modestie qui leur va si bien. Tous cela dans un décors minimalisme, qui donne à ce film, à la fois drôle et intéressant de Mariano Cohn et Gaston Duprat, une autre type de résonance, plus intimiste.

Lorsque ces deux comédiens étudient dans un duel chacun des personnages, et que Lola joue parfois l'actrice, s'invente en femme instable, harcelée, des rôles d'exaltés. Mais aussi dans ces moments de rêve, qu'Ivan et Félix s'improvisent parmi les étoiles, l'acteur qui brille, dans un ciel que l'on appelle le 7e Art. Pour une compétition officielle qui illumine l'univers d'un voyage qui offre à leurs publics, tous ces éclairs d'amour, ces éclats de foudre, quelque chose qui ne ment pas, une ivresse qu'ils se regardent jouer. Et qu'importe l'autre, qui ne sera toujours qu'un artiste seul, perdu au milieu de toutes ces salles obscures, cherchant désespérément la lumière des flashs qui crépitent, la gloire et la notoriété.

Compétition officielle nous propose une satire ironique du cinéma d'art et d'essai, son snobisme intellectuel des acteurs, réalisateurs et leurs égos. Une industrie cinématographique qui plonge parfois dans le ridicule, un environnement décrit de façon assez honnête, même si certaines scènes poussent quelquefois le délire très loin. Un film qui permet d'en rire, et de faire réfléchir. Et puis au fond quoi de mieux qu'une telle fin, une chute qui tombe à pic.

Rolex53
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le 11 déc. 2023

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John Rolex

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