Le film s’introduit sur Sandra, aux prises avec un livreur qui lui explique son mauvais professionnalisme dans la commande de livraisons. Puis nous nous immergeons dans le fast-food, lieu dans lequel nous resterons la majeure partie du film. Dès ce début de film, le personnage de Sandra se démarque comme protagoniste, elle nous apparaît comme une bonne gérante essayant d’être juste avec ses employés, plein de ressources, organisée. Et Becky, autre personnage central de l’histoire qui est vite présentée comme la fille un peu aguicheuse, mais assez innocente au fond.
La résolution, est comme l’avait deviné le spectateur au bout de 5 minutes de film, l’arrivée des véritables policiers, et la preuve du statut de victime de Becky.
En scénario de court-métrage ce film aurait pu moins agacer le spectateur, mais se trouver pendant 1h30 (seulement … ?) dans une salle, à faire face à une progression très lente de la bêtise des victimes, des séquences longues, dans lesquelles il insert quelques séquences pour montrer l’activité dans le restaurant, la pauvre Sandra débordée (qu’on tente d’excuser à cause du surmenage. Ou encore pire le manipulateur dans son habitat, ne nous emmène nulle part. En effet, montrer le manipulateur ajoute de la lourdeur au film, comme si une minuscule morale intervenait, « attention le pervers peut s’incarner en chacun de nous ». En effet, Craig Zobel nous place dans le rôle de voyeur !
Dans ce long-métrage il n’explore aucun véritable axe, a part la naïveté incroyable des personnages, et met à l’épreuve le caractère malsain des personnages et par la même occasion du spectateur impuissant face à cela, et pour qui la seule façon de refuser son statut de voyeur serait de sortir de la salle. Cette position est d’autant plus complète à travers l’alternance des points de vue, qui nous enlève encore du gout pour regarder le film en entier. Ainsi Craig Zobel, remplit sa mission d’assouvir l’envie de voyeur en lui montrant toutes les facettes du film ( même celle des policiers à la fin, qui n’apporte strictement rien).
Le personnage de Sandra, est le stéréotype de la bonne américaine de base, qui obéit aux autorités et est fière de son pays au fond d’elle-même. Son mari, est l’innocent ouvrier, bon travailleur, fatigué aussi par ses journées de boulot. Becky, est la jeune femme séduisante mais encore naïve. Le nombre de personnages n’apportent aucune épaisseur au film. Ils sont aussi creux les uns que les autres même s’ils présentent des idées différentes sur l’appel téléphonique.
Le suspens ne prend pas, aucune tension, nous savons juste ce qu’il va se passer, nous nous étouffons devant la bêtise, le sadisme et notre impuissance. De plus la réalisation assez classique, quelques gros plans serrés, parfois (rarement) un peu instables, mais en somme des plans d’ensembles, qui participent seulement à la lourdeur, lenteur du film.
La journée sur laquelle se déroule l’intrigue, et l’attente des personnages et cependant bien rendue, puisqu’elle semble représenter des semaines pour le spectateur qui ne supporte plus le film. En effet ce « Thriller » perd tout intérêt, une fois que nous comprenons le canular, l’ambition du manipulateur et ce qu’il va faire (c’est-à-dire au bout de 10 minutes), il est difficile de s’imprégner du film. Nous sommes distants avec les personnages auxquels on ne peut pas s’identifier à cause de leur naïveté improbable, nous nous retrouvons simplement avec nous même, dans une position ou nous restons sur notre siège, à observer. Finalement, en regardant ce film le spectateur est mis dans une position de voyeur presque contre notre gré, finalement nous nous sentons davantage pervers que le manipulateur lui même.
Mamie_Barrière
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le 17 déc. 2013

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Mamie Barrière

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