« Tout a presque toujours une explication rationnelle »

Des démonologues. C’est un de nos noms. Chasseurs de fantômes. Enquêteurs. Barjots

Ed et Lorraine Warren investiguent dans une demeure qui serait hantée.


Une incursion paradigmatique dans la maison hantée

Le film Conjuring – Les Dossiers Warren s’impose, non point comme une exubérante innovation, mais comme une réappropriation méthodique et sagace d’archétypes éprouvés. L’on y retrouve, avec une acuité presque scolastique, l’inventaire canonique du genre : portes qui s’ouvrent avec une lenteur sépulcrale, meubles branlants semblant doués d’une volonté propre, bruissements indéchiffrables surgissant des ténèbres, et apparitions subreptices dont la soudaineté lacère la quiétude domestique. Ces topoi, habilement réordonnés, composent une atmosphère à la fois oppressante et ténue, saturée de présages délétères.


Une dramaturgie retorse

Le réalisateur, en manipulateur retors des affects, use jusqu’à la déraison d’accessoires enfantins — jeux, boîtes à musique et autres bagatelles jadis innocentes — pour les transmuer en vecteurs de terreur. Cette démarche, certes guindée, révèle une compréhension pointue de l’inquiétante étrangeté. L’édifice narratif, lesté de tensions progressives et d’effets visuels parcimonieusement dosés, démontre que la frayeur ne naît pas tant de l’exhibition que de l’attente. À cet égard, le film se révèle hautement opérant, sans verser dans la stérilité d’un spectaculaire vide.


Une conclusion outrancière et apocryphe

Hélas, la ferveur hollywoodienne a surplombé la nécessaire vraisemblance des faits prétendument avérés. La prétendue régurgitation d’hectolitres hémoglobinés, tout comme l’hyperbolique lévitation d’une malheureuse, confinent à la grandiloquence, annihilant la crédibilité documentaire dont l’œuvre eût pu s’enorgueillir. La diégèse, jusque-là maîtrisée, se clôt dès lors sur une péroraison excessive, presque amphigourique, où le pathos submerge l’exactitude.ConclusionAinsi, malgré une emphase terminale d’une spectacularité douteuse, cela constitue une œuvre paradigmatique du cinéma de maison hantée : il recycle avec érudition les motifs ancestraux du genre, les transpose dans une mise en scène chamarrée et anxiogène, et parvient, à travers ses artifices, à engendrer une expérience cinématographique aussi effrayante qu’incontestablement efficace.

Je dormais et quelqu’un m’a tiré par le pied
Trilaw
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le 20 sept. 2025

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