Si j'ai apprécié ce film, c'est en grande partie car j'ai longtemps vécu à Marseille, et que ces endroits précis de la corniche me rappellent nombre de souvenirs.
De plus, j'ai trouvé l'attitude et langage de ces jeunes tout à fait représentatifs d'une certaine jeunesse marseillaise que j'ai bien connue, et qui existe encore.


La photographie est très belle. Le contraste entre la mer bleue, agitée et la blancheur des rochers, les cités au loin et les restaurants de luxe surplombant cette corniche est très bien rendu.


La corniche est un endroit tout à fait particulier à Marseille, qu'on ne trouve dans nulle autre ville. C'est une promenade longue en plein centre-ville, surplombant la mer. C'est un lieu de rendez-vous incontournable des marseillais pour observer, jogger, se promener ou aller se baigner.


Il fallait imaginer ces jeunes allant au bout de leur défi, défiant pour le coup leur peur et les éléments, affrontant le risque pour se prouver à soi-même et aux autres qu'on est forts, qu'on est au delà de tout. Une sorte de rite initiatique et un rite de groupe.


Il parait que Dominique Cabrera, la réalisatrice, a recruté ces jeunes acteurs sur la corniche. Elle leur a donné à lire le livre de Maylis de Kerangal et le fil rouge du scénario, et ce sont eux qui ont écrit les dialogues, à leur sauce.
Pour le coup, on ressent bien ce naturel dans les dialogues et c'est une des grandes forces du film, de mon point de vue.


Du coup, Lola Creton, et tant qu'unique actrice professionnelle apparaît en décalage. D'ailleurs, c'est la seule que je n'ai pas trouvé très crédible.


Son personnage est, il est vrai, un peu à part. D'abord extérieure au groupe qu'elle envie et qu'elle dévore des yeux, elle cherche à s'intégrer en testant leur défi et puis par ses petites provocations, y compris dragueuses. Donc au début, c'est un peu un ovni pour les autres, mais qui va susciter leur curiosité, surtout celle des garçons qui ne sont pas insensibles à son charme.


Mais je trouve qu'elle fait des mimiques bizarres (sans doute faites exprès, car je ne les ai pas retrouvé du tout dans Un amour de jeunesse, le film de Mia Hansen-Love dans lequel elle a joué formidablement bien). Du coup, je l'ai trouvé un brin énervante.


Je comprends qu'elle joue un personnage un peu frivole, qui a soif de sensations fortes (comme en ont souvent les jeunes), d'amour et de liberté, mais à mon avis, il n'y avait pas besoin d'en faire des tonnes comme cela, dans les manières.


Et puis, j'ai trouvé son personnage sans fond et là, ce n'est pas de la faute de l'actrice.
Il est vrai que, contrairement aux autres, elle n'a pas le même vécu, sans doute celui d'une petite bourgeoise, alors que les autres ont été confrontés dès leur jeunesse à des choses difficiles (on le constate fortement chez Medhi), qui leur ont donné de l'épaisseur.
Cependant, malgré tout, son personnage aurait pu être davantage creusé, car là, pardonnez moi, mais on dirait un peu une godiche décérébrée.


A mon sens, celui qui ressort le plus en tant qu'acteur et qui éclaire le groupe de sa blondeur, de ses yeux bleus est Alain Demaria, qui interprète le personnage de Medhi.
Il étincelle, il irradie, par son physique de nounours un peu surhomme, et par son sourire enjôleur.


Après, je reconnais que le scénario est un peu faible et qu'il y a pas mal de scènes redondantes, notamment sur les rochers, ou à scooter.
L'intrigue policière est un peu alambiquée. J'ai trouvé cependant que le personnage de la flic était intéressant et dénote agréablement des schémas habituels sur les policières.


Je pense que je vais lire le roman de Maylis de Kerangal, pour comparer.

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le 17 avr. 2018

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