Le cinéma a un pouvoir cathartique, libérateur. Jung, l'auteur de bande dessinée, l'a bien compris, car après avoir raconté son histoire sur papier, il la porte à l'écran avec l'aide de Laurent Boileau. À l'âge de six ans et suite à la guerre de Corée, le petit garçon est adopté par une famille belge. Durant toute son enfance et jusqu'à l'âge adulte, celui-ci va se poser une question : qui je suis ?

Afin d'illustrer cette quête existentielle, le réalisateur en herbe reprend ses dessins personnels faits à la main. Les décors y sont magnifiques et débordent d'authenticité, à l'image de ce film très intimiste. À l'heure du numérique et de graphismes toujours plus puissants, cela fait plaisir de voir du « fait maison » qui arrive à sortir des sentiers battus de l'animation. Petit bémol toutefois : le traitement des visages, trop grossier et manquant de profondeur. Mais qu'importe car le résultat fonctionne.

En mélangeant des archives, ses films de famille ainsi que ses dessins, Jung réussit à nous toucher en essayant d'être toujours le plus juste et objectif possible. Les interrogations qui trottent dans sa tête sont toutes exposées sans prendre trop de place dans le récit. Ses sentiments affectueux vis à vis de sa sœur, sa jalousie envers la nouvelle adoptée, ou la perte de repère qu'il ressent au fil des ans sont autant d'éléments captivants qu'on pourrait traiter longuement.

Il est évident que tout le monde ne se reconnaîtra pas dans cette enfance parsemée d'obstacles, mais pourtant, le dessinateur évoque avec intelligence le principe de donner et recevoir dans les relations parents-enfants qui lui, est bien universel et peut toucher n'importe qui.

La fin est elle aussi très réussie. Alors qu'elle aurait pu tomber dans un pathétisme facile, elle nous émeut de belle manière puisque Jung a trouvé les réponses aux questions qu'il se posait depuis toujours. Félicitation, la magie du cinéma a opéré.
Hugo_Harnois_Kr
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 7 févr. 2014

Critique lue 612 fois

3 j'aime

Hugo Harnois

Écrit par

Critique lue 612 fois

3

D'autres avis sur Couleur de peau : Miel

Couleur de peau : Miel
emneuh
7

Critique de Couleur de peau : Miel par emneuh

L'histoire de Jung, comme celle de beaucoup d'enfants adoptés, est particulièrement touchante, et il est difficile de ne pas se sentir ému tant l'implication émotionnelle du narrateur est forte. Les...

le 20 juin 2012

9 j'aime

3

Couleur de peau : Miel
Fatpooper
6

Un manga pas comme les autres

Voilà un film qui sort de l'ordinaire, mêlant plusieurs techniques, à savoir les vieilles bobines familiales, le dessin animé et quelques plans filmés expressément pour ce film. Le résultat est...

le 28 juil. 2012

5 j'aime

Couleur de peau : Miel
X-Ben
8

Autobiographie d’un épouvantail

En collaboration avec Laurent Boileau, Jung adapte sa propre bande dessinée autobiographique, « Couleur de peau : Miel », où il raconte comment il fût trouvé à 5 ans, abandonné sur un marché de...

le 22 sept. 2013

4 j'aime

Du même critique

Citizenfour
Hugo_Harnois_Kr
4

Critique de Citizenfour par Hugo Harnois

Wim Wenders peut aller se rhabiller avec Le sel de la terre. Vivian Maier n’aura pas eu la chance d’être récompensée pour son brillant travail de photographe à titre posthume. Aux dernières...

le 17 mars 2015

17 j'aime

2

Didier
Hugo_Harnois_Kr
8

Critique de Didier par Hugo Harnois

Qui a dit que l'Académie du cinéma ne récompensait pas la comédie lors des Cérémonies des Césars ? Alain Chabat fait mentir tout le monde en obtenant, pour son premier film, ce prix convoité par...

le 9 févr. 2014

17 j'aime