Un régal de noirceur et de cynisme, où la morale n’existe pas, et où les hommes, abandonnés au milieu de nulle part, sont jetés sur la scène d’un théâtre absurde. Tirant parti d’une parole lancée en l’air par l’un de ses supérieurs, le policier Cordier se lance dans une course au meurtre incoercible. Les rapports entre les hommes sont hypocrites et intéressés, ces derniers n’étant que des étrangers les uns pour les autres. Et l’on se dit, à la suite de Montesquieu ou de Céline, que la géographie et le climat influencent les comportements des êtres, que l’aridité sahélienne révèle celle des âmes, à moins que les personnages n’évoluent dans cette forêt vierge à laquelle fait référence l’aveugle, reflet de leur inhumanité.
Les acteurs, Noiret en premier lieu, sont d’une justesse incroyable, à même de faire ressortir toute la bêtise de leurs personnages. Ajoutons des dialogues mordants et ciselés, d’une noirceur sans fond, qui ne laissent aucun doute sur une échappatoire possible : « Tu cherches à sauver des innocents? Y'en a pour ainsi dire pas. Les crimes, y sont tous collectifs. On participe à ceux des autres et les autres participent aux vôtres. »