« “Coupez !” de Michel Hazanavicius, une ode hilarante au cinéma fauché » nous dit Télérama, « “Coupez !” de Michel Hazanavicius, une parodie plus morte que vivante » affirme Les Inrocks (l’URL est plus violente encore).

Coupez ! divise et tranche, certains adhérent au délire de Michel Hazanavicius, d’autres en ressortent effrayés. Tant mieux.

Pour votre modeste serviteur (moi), Coupez ! a été une expérience formidable, que j’ai partagée avec une salle plus dubitative dans sa première partie puis emportée par la folie de sa dernière part. J’ai tellement ri que j’ai bien peur de ne plus jamais autant rire pour cette année, autant tout arrêter, et laisser mes derniers éclats d’hilarité dans cette salle obscure d’un dimanche soir.

(Bisous mes zygomatiques, reposez-vous)

Michel Hazanavicius est un homme de cinéma, un de ceux qui poussent les murs, pas de ceux qui veulent proposer les mêmes meubles vus dans le même catalogue et repris par tous. La matière filmique n’est pas seulement un décor et des conventions, mais une matière, justement. Qu’il détourne le contenu d’autres films dans sa trilogie absurde du Grand détournement, qu’il parodie les codes du genre de l’espionnage avec les deux premiers OSS 117 ou qu’il recrée un The Artist d’une folie désuète, le cinéaste touche-à-tout s’amuse et crée, bien conscient de l’héritage centenaire du cinéma mais sans se laisser écraser par celui-ci.

Dans Coupez !, il s’attelle même au remake du film japonais Ne coupez pas ! (2017) de Shin'ichirō Ueda, qui avait fait sensation à sa sortie en mélangeant la fiction et le réel. Une démarche audacieuse et jubilatoire reprise par cette version française, qui intègre cet original à son histoire, un réalisateur de l’ombre, un homme de commandes à qui lui est confiée l’adaptation de ce film japonais autour de zombies.

L’entame commence donc comme le tournage de ce film, qui va aller de catastrophes en catastrophes, se poursuivant malgré tout, se révélant comme un nanar piteux tourné en dépit du bon sens (celui d’arrêter les frais). Une première partie réjouissante pour un amateur de film de série Z tel que moi, habitué et réjoui devant ces films de bouts de ficelles, aux bonnes intentions et aux budgets réduits.

Mais ce qui se voit, ce que le spectateur voit, est bien plus que ce qui existe, ce qui donne corps au film. La manipulation des images trouve sa concrétisation dans ce film, sans intentions malveillantes. Car même si ce qui se présente à l’écran n’est que de la fiction, le mensonge alors révélé et les moyens de le mettre en œuvre se dévoilent comme une incroyable plaisanterie, d’un réjouissant et explosif comique. Le mythe du cinéma, beau et vaillant, est déconstruit. Les origines Z de la série B alors en tournage sont expliquées et déjouées. Autant peut-être de raisons qui ont pu expliquer que certains critiques se soient bouché le nez devant le film.

(C’est pas grave, hein, il y a plusieurs cinémas, plusieurs façons d’en faire, mais c’est pas la peine non plus de faire son effarouché, relax)

Expérience folle de cinéma, qui n’est pas sans rappeler Quentin Dupieux, Coupez ! En tient une sacrée couche dans sa proposition, qui n’est pas avare en différentes couches, bien moins sales que prévu (ceci est une blague à la Coupez!, ou Inception si vous voulez). Mais malgré tout le cynisme qui semblait alors prévaloir sur ce film, il offre aussi de charmantes touches émotives, intégrant dans son humour malaisant puis offensif et jouissif la petite douceur qui permet de terminer le visionnage avec un grand sourire.

SimplySmackkk
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le 7 juin 2022

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