Aujourd’hui, pas une mais deux critiques en une. En effet, je vais pas faire une critique séparée entre le 1 et le 2.

Le 1 et le 2 de quoi, vous allez me dire ? Eh bien du diptyque qui sera bientôt une trilogie et peut-être plus, je ne sais pas : Creation of Gods, monstrueux wuxiapian (enfin si c’est vraiment le terme employé pour ce genre de film). Te racontes l’histoire d’un royaume fictif gouverné par un roi nouvellement élu. Enfin, il vient de monter sur le trône suite à la mort de son père et de son frère aîné, puis une malédiction qui s’abat sur sa famille. Ce roi décide de se sacrifier pour sauver son royaume. Enfin, ça c’est ce qu’on croit parce que ce roi est celui qui est la cause de cette malédiction.

Ça, c’est l’histoire du premier film. On suit trois personnages, enfin presque 4 : le premier est un des généraux du royaume, le deuxième est le fils du roi, le troisième est le roi lui-même et le 4e c’est le personnage de la femme renard qui est toujours auprès du roi.

Dans ce royaume, chaque seigneur confie leur fils au roi comme otage pour prévenir d’une rébellion ou d’une trahison. Le général en question est l’un de ces enfants qui a grandi maintenant.

Lui et le fils du roi vont s’apercevoir que, en effet, le roi est celui qui a mené son royaume à sa future perte à cause du démon renard qui est entré en possession du corps d’une jeune femme dont le roi est amoureux.

Le premier film est un film axé sur la trahison et la noblesse. C’est beaucoup de conflits familiaux et politiques. On est souvent entre les quatre murs du palais. Cela ne veut pas dire que le film n’est pas spectaculaire : l’intro du film est proprement grandiose et le final, on met plein la vue aussi. Je parle toujours du premier film ici.

L’aspect fantastique dans le premier film, bien que présent, est plutôt mineur. Concrètement, à part l’immortel et ses deux gardes et quelques évocations des dieux qui régissent cet univers, on a pas grand-chose et bien sûr la femme démon renard.

Mais ça reste plutôt léger : c’est plus les affres de l’humanité qui sont en jeu et notamment celles du pouvoir. Qu’est-ce que le pouvoir, comment l’exercer et qui en est digne ?

En effet, pour pallier à la malédiction, les dieux ont envoyé sur terre un émissaire, un ancien dieu qui est chargé de remettre un artefact au roi des hommes. Tes fans qui le rendra immortel et très puissant.

Mais voyant que le roi est corrompu, cet émissaire va tout faire pour trouver la personne idéale pour sa mission et c’est le fils du roi.

Lui, de son côté, il est persuadé que son père est manipulé par cette jeune femme qui lui tourne autour et bien que ça soit en partie vrai, il va très vite découvrir que finalement, avec ou sans elle, son père a déjà une soif de pouvoir qui l’a déjà corrompu.

Ce film aurait pu tomber dans une facilité avec l’archétype de la femme fatale qui manipule le bon roi et le fait tomber dans le côté obscur.

Le film joue là-dessus pendant une grande partie, mais au final arrive à désamorcer cette situation et rendre le rapport entre le roi et le démon renard bien plus ambigu.

En effet, le démon renard n’est pas un être maléfique à proprement parler et le roi non plus : c’est juste que l’union des deux fait que leurs pires aspects en ressortent.

Mais il y a un vrai amour qui se crée entre les deux personnages que je trouve bien écrit parce que, au final, ce n’est plus tant un roi manipulé par un démon qu’un homme prêt à tout pour sauver la femme qu’il aime, peu importe ce qu’elle est réellement.

Et elle, malgré le fait que ce soit un démon, a une sorte d’amour aussi pour lui, pour le roi, parce qu’elle lui est redevable de lui avoir sauvé de son enfermement éternel.

À aucun moment dans le film, j’ai senti qu’elle voulait du mal. Au contraire, elle veut exaucer tous ses vœux, mais elle le pousse dans ses pires aspects sans s’en rendre compte.

Pour le personnage principal, c’est-à-dire le général, il est l’archétype du héros pur et c’est lui le héros de la saga finalement : c’est celui qui se bat pour le peuple, c’est celui qui a de grandes valeurs, c’est un bon fils, c’est un bon soldat et ça deviendra un bon commandant d’hommes.

Le premier film est assez épique. Il dure 2 heures et demi comme le deuxième et malgré le fait qu’il soit moins action que le 2, je trouve que le rythme est bien mieux soutenu parce que le personnage du roi est central et que j’aime bien la relation avec donc le démon.


Ça, c’était pour le premier film. Maintenant, on va parler du film du jour donc Creation of Gods 2 car c’est pour lui à la base que j’ai rattrapé le premier pour faire une critique de ce film-là dans le cadre de mon rattrapage pour les films 2025.

Le 2 commence juste à l’endroit où le premier s’est fini. Les personnages ont réussi à s’enfuir du palais et maintenant ils vont se réunir dans la ville de naissance du héros, je crois que c’est le royaume de l’Est.

Et tout l’enjeu de ce film va être de défendre cette cité car oui, c’est un film de guerre médiévale fantastique avec beaucoup de côté mythologique.

Fini les couloirs de château : bienvenue sur les champs de bataille gigantesques et dans un film de défense de ville.

Et c’est peut-être ça la limite finalement : c’est qu’on tourne beaucoup autour d’un aspect guerrier et d’une histoire d’amour pas très subtile et vraiment déjà vue.

Surtout que pendant tout ce film, le roi et tout ce qui tourne autour est presque relégué au simple figurant. Il y a bien un enjeu autour du démon renard, mais on le voit pas assez pour que l’alchimie entre les deux qui marchait si bien dans le 1 redynamise le 2.

À la place de ça, on a une histoire d’amour entre le héros donc et la chef des ennemis, celle que le roi a envoyée pour prendre la cité.

C’est malheureusement du déjà-vu et si on est même un tout petit peu habitué aux films de ce style en Chine, on savait très bien que le héros au cœur pur allait réussir à faire tomber amoureuse de lui cette femme forte badass mais qui a fait de mauvais choix et qui est pas vraiment méchante en vrai.

C’est cet aspect-là qui m’a moins plu.

Mais pour combler le fait que les intrigues politiques sont moins intéressantes, le film se lâche complètement sur les scènes de baston.

Dans le 1, le fantastique était assez discret. Ici, il en a plus rien à foutre.

Le grand général ennemi qui va attaquer la cité, qui arrive à la moitié du film après donc la femme a échoué.

Il monte une espèce de petit dragon qui crache du feu et court ultra vite.

Il a un troisième œil magique qui va lui permettre d’invoquer un truc complètement ouf à la fin du film.

Il est en sa possession 4 géants qui ont tous des épées magiques, enfin des armes magiques : une petite change en dragon par exemple.

Et surtout, le fils du roi qui était mort dans le 1 a été ressuscité en espèce de Shiva qui aurait bouffé Docteur Manhattan.

Et là par contre, ça je kiffe : un film aussi généreux dans son côté mythologique qui le prend au premier degré et qui te fait affronter des dieux et des demi-dieux sur des champs de bataille, mais c’est mon kiff.

À eux deux, les deux films font cinq heures et bien j’ai passé 5 h avec la banane hier.

Je ne retrouve plus ça dans le cinéma américain : cette espèce de générosité sans borne et cette créativité de tous les instants. C’est stupéfiant de regarder des films comme ça.

C’est comme l’émergence du cinéma indien : c’est une bouffée d’air frais. Ça te rappelle ce que tu aimes dans le cinéma populaire, dans ce genre de film blockbuster qui parle à tout le monde.

Et là où avant le cinéma chinois et indien était moqué quand il faisait ce genre de choses, maintenant il faut clairement les prendre au sérieux.

Avant, ils n’avaient pas forcément les moyens, que ça soit financier ou technique, mais maintenant ils ont les deux.

Creation of Gods 1 et 2 sont techniquement irréprochables : c’est des purs blockbusters avec une technique quasiment photo-réaliste.

Il n’y a plus aucune différence entre ce que faisaient les Américains avant et ce que font les Asiatiques aujourd’hui.

Il faut bien se rendre compte qu’il y a l’émergence d’un nouveau cinéma qui vient tout droit de l’Est et qui fait très mal.

Parce que non seulement maintenant ils commencent à mettre les moyens, mais surtout parce que maintenant ils commencent à se rendre compte qu’ils peuvent produire des films comme ça et être rentables sans forcément avoir besoin de se plier aux exigences et au goût occidentaux.

Je rappellerai juste que actuellement le film qui a le plus gros box-office cette année, c’est un film d’animation chinois qui a dépassé les deux milliards sans même sortir de Chine ou de façon confidentielle.

Je parle bien de dollars, pas de la monnaie chinoise : le film a rapporté plus de 2 milliards de dollars sans sortir de Chine.

Tous les gros blockbusters indiens se remboursent et sont des succès au box-office sans sortir d’Inde.

C’est en cela que maintenant le cinéma asiatique a une force de frappe colossale : c’est que même nationalement, ils peuvent se permettre de sortir des trucs démentiels et déjà rentrer dans leurs frais voire même gagner beaucoup d’argent.

C’est pas comme avant : c’était pas très développé donc forcément les films n’attiraient pas autant de monde et les habitants de ces pays-là étaient trop pauvres de toute façon, mais maintenant les deux pays sont parfaitement développés, surtout la Chine.

Ils sont là comme l’autre avec une population dépassant le milliard et demi.

La force de frappe colossale et je tiens le pari ici que l’avenir du blockbuster populaire n’est déjà plus américain. En fait, il y a déjà eu un changement : vous imaginez, on est dans une année où il y a de fortes chances pour que le film qui ait le plus rapporté au box-office mondial soit un film chinois.

Et les Creation of Gods sont des films avec un immense budget et qui sont d’immenses succès en Chine car ça adapte une saga littéraire chinoise qui doit être extrêmement populaire chez eux comme quasiment tous leurs films de toute façon : c’est souvent soit une adaptation de grand roman chinois, soit un film de propagande du parti communiste.

Et parfois c’est même les deux.

Et moi je m’en fous en fait de savoir qui le finance et pourquoi les films sont financés : moi je veux voir du vrai cinéma, je veux voir du cinéma généreux. J’ai grandi dans les années 90 et 2000, j’ai grandi à l’époque des Seigneurs des anneaux, Jurassic Park, Matrix.

Vous pensez vraiment que le cinéma actuel me réjouit ? Je pensais vraiment que le cinéma américain actuel de quoi m’émerveiller alors que j’ai grandi avec des films de ce style.

Par contre, quand je regarde un film comme Baahubali ou Creation of Gods, eh bien j’ai la banane, je suis content.

C’est ce cinéma-là que j’aime : c’est celui qui a formé ma cinéphilie.

Donc après que les réalisateurs parlent de leur culture à eux, de leurs mythes à eux, voire même de leurs convictions politiques à eux, ça je m’en branle tant qu’ils me font un film que je kiffe regarder et qui est universel.

Ça, les Asiatiques n’ont pas oublié : alors même qu’ils font des films pour eux-mêmes avant tout, eh bien n’importe qui peut regarder leur film. Il y a pas de propagande plus que ça finalement, pas plus que dans un cinéma américain ou français.

Sauf que eux, ils ont compris que quand tu fais du cinéma à grand budget, tu dois parler au plus grand nombre dont tu mets des thèmes universels.

L’honneur, la famille, l’amour, l’amitié, la mort.

Et voilà, ça fait de bons films. Il y a pas besoin de plus en fait.

Plus les années vont passer, plus ce cinéma-là va émerger, plus ils auront aussi de réalisateurs qui prendront conscience qu’ils peuvent faire des choses de folie : c’est déjà le cas en Inde.

En Chine, il y a eu une grande période de liberté artistique dans les années 90 qui n’est plus trop d’actualité parce que chaque film est financé par le parti communiste.

Mais malgré tout, ils arrivent quand même à te financer des films comme ça et le réalisateur de ces deux films, bah c’est pas un manchot : le mec, il te filme l’action de façon incroyable.

Sa réalisation, elle est ample, elle est belle : ses plans puent le pognon à chaque seconde.

La photographie est magnifique, les costumes sont à tomber par terre.

Reste que la musique est pas terrible : ça c’est dommage, surtout pour des films aussi épiques. Ils auraient pu faire un effort, trouver un compositeur qui ait un peu plus de panache.

Les films sont pas parfaits et je sais que pour beaucoup le délire divin de ce style et certains partis pris visuels vont les rebuter, mais faut juste s’y faire en fait.

Moi, ça va : enfant dans les 90, j’ai un peu grandi à ce style de film-là aussi. Nous en France, on a eu la chance de voir arriver une tripotée de films asiatiques et certains de ce style.

Même si c’est plus niche que le cinéma américain dont on est complètement habitués ou la culture japonaise qui est aussi très implantée en France, eh bien malgré tout, on a pour ma génération une base qui nous a permis de rentrer dans ce cinéma chinois hongkongais.

Ce qui fait aussi que du coup j’ai aucun mal avec les films indiens parce que c’est à peu près le même délire et à peu près les mêmes exagérations visuelles si on peut dire ça comme ça.

Donc regarder ce film, enfin regarder les deux films pour le coup : c’est des blockbusters généreux qui ont l’ambition de faire le Seigneur des anneaux chinois. D’ailleurs, en termes de structure, le 1 ressemble à La Communauté de l’anneau et le 2 ressemble aux Deux Tours.

Et vu ce qui est annoncé à la fin du 2 pour teaser le 3, je pense que personne n’est prêt si les mecs mettent vraiment le budget et ils vont le mettre.

Parce que là, ils vont totalement se lâcher : dragon qui fait des kilomètres de long, armée de morts-vivants, magicien noir, dieu qui descend sur Terre.

Le 3 va être une orgie de trucs qu’on n’aura jamais vus.

J’ai tellement hâte, tout comme j’ai tellement hâte de voir le prochain Rajamouli. La bande-annonce, m’a fait avoir la chair de poule : le truc a l’air monstrueux.

Le cinéma américain de gros budget m’ennuie parce qu’ils ne savent plus faire, même des réalisateurs que j’aime bien.

Le cinéma asiatique, que ce soit indien ou chinois et même japonais, juste il me redonne l’amour du cinéma tout simplement.


Merci d’avoir lu.



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