Creed poursuit sa route, forgeant sa propre légende dans la continuité de l'immense saga Rocky. Il sera question d'atteindre le sommet, de drames familiaux, de naissance et de joie, de peines, de mots durs, de coups hargneux, de blessures dans la chaire et dans l'âme. Il s'agit avant tout de deux fils élevés à un monde d'écart, connectés malgré eux par une tragédie s'étant déroulé 30 ans en arrière. L'un connaît son père mais a grandi dans l'exil, sans patrie ni mère, l'autre a connu une enfance sans figure paternelle avant de la découvrir à l'aune de sa carrière de champion. Les deux se présentent comme des machines physiques mais derrière leurs carapaces de muscles parfaits, on découvre des failles et des fêlures plus profondes.
Creed 2 c'est avant tout une volonté de développer intelligemment les deux côtés du ring. Et je pleure celui qui n'aura pas ressenti une forme d'empathie pour le tragique destin de la famille Drago, parfaitement développée, en particulier portée par un Dolph Lundgren très juste. De l'autre côté, les Creed/Johnson forment une famille tout aussi atypique, qui connaît ses fractures internes, ses hauts et ses bas. Le clan soudé, qui continue de grandir et de s'étoffer autour du prodige de la boxe, nourrit une majeure partie du film entre les deux combats. Comme toujours, la saga Rocky réussit à placer l'important dans les moments hors du ring, et à ne présenter l'affrontement physique que comme l'aboutissement des mutations, des bouleversements internes que connaissent ses héros.
Creed 2 est aussi un film gardant une identité forte, qui prend ses racines dans la saga Rocky (séances d'entrainement, quelques thèmes musicaux...) mais sait créer son propre univers en y apportant une autre touche (la bande son plus orientée rap, les scènes romantiques filmées différemment, un Michael B. Jordan qui propose un style très différent de Stalone - peut-être plus nerveux). En 8 films, l'univers proposé par ces deux sagas est incroyable, il s'agit de près de 45 ans d'histoire parallèle proposés pour la boxe, nous baladant de Philadelphie à Los Angeles en passant par Moscou ou Las Vegas, d'une époque à une autre, d'une génération à la suivante, le tout dans des films avec du cœur.
Enfin, Creed 2, c'est l'envol d'un héros. Après l'héritage de Rocky dans l'opus précédent, le poulain prend son envol. La page Rocky se tourne et le nouveau champion de la boxe fictive peut désormais prendre tout la lumière, laissant son mentor dans l'ombre, un sourire au lèvre tandis que résonne les acclamations de la foule.