Le mélange des genres, c'est plus ou moins le propre du cinéma de Hong Kong et c'est bien souvent ce qui fait sa force. Crimson Street en est le parfait exemple et on peut le considérer de fourre-tout. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a à boire et à manger : de l'action, de la comédie, de la romance, du drame, de la violence, du kitsch, bref, un peu « trop de tout » par moment car on ne sait plus à quel sein se vouer.

Le film tarde à prendre ses marques. Ainsi, dans cette mosaïque des genres, nous suivons Sally prendre tour à tour le pouls chez ses trois prétendants sans trop savoir vers quoi le film nous emmène. Crimson Street patine un peu dans cette romance entremêlée de braquages de coffre fort, assaut de police musclé et comédie plutôt déroutante.

Ce qui peut choquer, ce sont justement ces scènes de comédie qui sont je pense beaucoup trop prononcées, avec une musique carrément hors de propos, comme si nous tombions en quelque sorte sur du Benny Hill au beau milieu de Seven de David Fincher. Avoué que ça fait tâche... C'est vraiment dommage car elles sont plutôt réussies dans leur registre mais tombent comme un cheveu sur la soupe, et le film aurait gagné en crédibilité sans cette touche burlesque, dans ce polar qu'on aurait voulu plus sérieux de bout en bout.

Malgré tout, il y a de bonnes choses et on peut reconnaître une certaine générosité dans ce mélange des genres qui nous est proposé. Si le film opère sur un rythme plus ou moins étrange pendant les trois premiers quarts d'heure, les trois derniers sont très intéressants et contrastent avec le côté bancal que nous pouvions éprouver. Le film sombre crescendo vers la violence et des scènes aussi différentes les unes que les autres vont se succéder et marquer nos esprits. Ainsi, nous aurons le droit à un passage à tabac pour cause de jalousie de Sally par Paul King (Michael Chan). L'atmosphère sombre et noire s'exprime parfaitement grâce bien sûr au jeu des deux acteurs (Michael Chan pète méchamment les plombs), mais également par le choix judicieux de la musique disco/psychédélique et de l'image bleutée. La musique d'ailleurs qui a un rôle important tout au long de Crimson Street est tout aussi variée que les genres qu'elle accompagne.

Enfin David Lai nous gratifiera d'une scène d'anthologie sortie de nulle part, complètement kitsch et décomplexée, où Chan Wai Man affronte sur la glace, batte de base-ball cloutée à la main, une équipe de hockeyeurs tueurs qui veulent sa peau ! Rien que pour cette scène le film vaut le coup d'œil...
Le film se termine sur une touche dès plus noire de façon plutôt déstabilisante comme pour définir au mieux le film dans sa globalité.

Au final, Crimson Street s'avère être une grosse curiosité filmique, un film assez dingue où l'on se demande bien dans quoi on s'embarque pendant la première partie, tantôt absurde, tantôt génial, où les choses on dû mal à prendre forme et s'imbriquer. Mais fort heureusement, la seconde moitié nous réveille et réserve de bonnes surprises avec son lot de scènes plutôt jouissives et même culte pour l'une d'entre elles.
Supavince
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le 13 juil. 2012

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