La pierre philosophale

Cronos est le tout premier long-métrage de Guillermo del Toro. Il se fit d'ailleurs remarqué avec ça lorsqu'il le présenta à Cannes où il reçut un prix en 1993.

Pour un premier film, le cinéaste mexicain ne s'en sort pas trop mal. On y découvre déjà le début de son style et son goût prononcé pour tout ce qui attrait au fantastique, à l'horreur, et au mélange des deux. Il a lui-même écrit le scénario et nous propose ici une histoire dans laquelle il revisite à sa manière le mythe du vampire. On décèle déjà avec ce récit un talent certain pour l'écriture de la part de son auteur. Le résultat ne manque pas d'originalité et on est intrigué par la magie qui en ressort. On entre facilement dans cette histoire, notamment grâce au bon jeu des deux acteurs principaux, Federico Luppi et Ron Perlman. En parlant des comédiens, del Toro a trouvé la solution lorsque l'on a un enfant au casting : ne lui donner aucune ligne de texte (ou très peu), cela évite tout problème. Cependant, il est rare que les premières fois soient totalement convaincantes. C'est le cas ici. Le réalisateur de Pacific Rim n'arrive pas véritablement à passionner avec ce film. Il n’insuffle pas à son récit cette dose de folie qui en aurait fait un vrai bon film. On sait que son auteur a beaucoup d'imagination, il n'y a pas de doute là-dessus. C'est donc assez regrettable que l'histoire racontée ne reflète pas cette réalité. On ne s'ennuie pas mais on n'est pas non plus vraiment emporté par les événements. C'est un défaut plutôt préjudiciable pour l'ensemble de l’œuvre qui pourtant n'est pas mauvaise. Heureusement, le metteur en scène du Labyrinthe de Pan gagna de l'expérience par la suite et s'améliora sur ce point.

Finalement, pour un premier film, ce n'est pas un échec de la part de Guillermo del Toro, mais ce n'est pas une franche réussite. On peut tout de même le féliciter pour son originalité et cela ne peut que donner envie d'en découvrir plus sur sa filmographie.