Un jeune couple prend des vacances en croisière idyllique. Alors qu’une tempête interrompt ce parfait moment de bonheurs, Paul et Barbara sont obligés de trouver refuge dans le village d’Imboca auprès d’habitants vénérant un Dieu de la mer.


Adapter une œuvre lovecraftienne n’est pas une tâche facile. Et pour cause, le talent de l’écrivain se caractérise par une évidente audace visant à concevoir des récits qui bouleversent notre notion du réel. On définit souvent H.P Lovecraft comme le maître de la littérature fantastique, au point que son influence a envahi le 7e art en termes d’inspirations ou d’adaptations. On peut facilement penser à d’illustres représentants comme l’Antre de la folie (John Carpenter), The Thing du même réalisateur, ou encore Cloverfield (Matt Reeves). Côté adaptations directes, Stuart Gordon correspond à un nom qui a tenté plus d’une fois sa chance avec l’univers Lovecraft. C’est notamment le cas avec des œuvres comme Re-Animator et From Beyond. Toutefois, l’écrivain H.P Lovecraft n’a été que peu gâté par la qualité des adaptations portées à l’écran, au point de ne jamais avoir réussi à atteindre le stade de chef-d’œuvre. Pour cette raison, chaque nouvelle tentative ne manque pas de faire naître de nombreuses inquiétudes et une certaine méfiance.


Le film s’inspire principalement d’un des plus emblématiques récits : « Le cauchemar d'Innsmouth ». L’histoire se déroule auprès de Paul et Barbara, un jeune couple en vacances sur un bateau, profitant de l’océan et de la douceur des rayons du soleil. A la suite d’une violente tempête, Paul et Barbara sont contraint de se rendre sur l’île la plus proche où se trouve le village espagnol d'Imboca. Reculée de tout en bordure océanique, l’île est peuplée par des habitants qui vénèrent une divinité étrange, un Dieu de la mer. A bien des égards, Dagon est une adaptation lovecraftienne qui ravira les adorateurs de Cthulhu. En effet, sans lancer des louanges outrancières, le présent métrage vise une fidélité respectueuse vis-à-vis du célèbre écrivain de manière à lui rendre hommage. La mise en scène de Stuart Gordon restitue l’ambiance sombre, brumeuse, et malsaine autour du village et de ses habitants. La plupart des situations mouvementées sont d’ailleurs tournées avec une caméra à l’épaule, de façon nerveuse et proche du corps, notamment lors de nombreuses scènes paniquées où notre héros fuit longuement ses adversaires. Concernant la narration, son déroulement s’articule autour d’un épais mystère laissant progressivement sa place à la peur, la paranoïa, et la tension. L’angoisse monte crescendo dès les premières révélations sur la véritable nature de ce village qui mêle le héros à son destin semble-t-il inéluctable. Tout se déroule selon l’art lovecraftien, celui qui redore la noblesse de la monstruosité par un habile bidouillage d’ambiances uniques au service d’étrangetés absconses.


Cependant, on rencontre facilement des retours cinglants à l’encontre de Dagon. Le fait est que le film donne la mauvaise impression d’être une production série B bas de gamme, quand il n’est pas totalement considéré comme un pur nanar à éviter. Les premiers instants desservent en effet le film, la faute à un manque de moyens financiers trahi par la qualité très critiquable de l’image et même d’une ouverture digne des pires productions télévisées du dimanche. Quoi qu’il en soit, il est nécessaire de passer outre ce mauvais départ, afin de découvrir une œuvre lovecraftienne certes imparfaite mais sincère.



Conclusion



Nouvelle transposition cinématographique d’un univers imaginé par H. P. Lovecraft, Dagon est une des rares adaptations rendant un hommage convenable à tous les éléments qui font le charme des écrits du célèbre romancier horrifique. Stuart Gordon ne ménage pas ses efforts afin de retranscrire cette atmosphère si particulière, poisseuse, brumeuse, pluvieuse, malgré un budget limité. En espérant qu’un jour, une adaptation de l'univers Lovecraft bénéficiera d’un apport financier suffisant afin de mettre toutes les chances de son côté.



Que savons-nous, du monde, de l'univers qui nous entoure ?


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le 19 août 2020

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Death Watch

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