Si l'on connaît le goût de l'ironie de Masaru Konuma (la comédie atypique Fleur Secrète), son inclinaison vers la comédie franche se découvre ici à nos dépends. Intermède bienvenue dans sa série de film SM, le film s'ambitionne en grand projet auto-parodique réunissant un casting 4 étoiles. Référence au film de Oshima, l'œuvre s'oriente curieusement vers des horizons bien distincts et s'attache à dépeindre et railler les grandes modes du roman-porno. La structure du récit prend d'une multitude de vignettes que traversent des personnages masculins référents. On y retrouve donc dans le détail des séquences typiques des tribulations de secrétaires, de violeurs récidivistes, d'écolières romantiques, de pervers masochistes et de séducteurs ratés et inoffensifs. Un panel stimulant auquel un script éclaté peine à donner une ligne directrice à trois bout d'intrigues, le film se faisant le triste exemple d'un projet commercial fuyant de tous bords. Franchement exaspérant dans sa volonté de dynamiser artificiellement ses vignettes et de jouer constamment sur les ruptures esthétiques autant que dramatiques, Konuma s'épuise dès l'entame et révèle un talent comique bien inégal. L'humour de situation reprend des 'gags' éhontés sans sens du rythme et de la surprise ; le détournement de codes en reste à la pieuse note d'intention. Ainsi le segment sur notre indispensable violeur joue la carte de la claustrophobie et du glauque (multiples plans écœurants de poissons rouges engloutis par un répugnant prédateur) où la victime s'amourache joyeusement d'un agresseur complètement désintéressé. Le duo de dragueurs minables s'affairent à brasser du vent et faire les jolis cœurs, l'écolière romantique fan de roman-porno réclame son ligotage en règle, les femmes modernes et indépendantes jouent avec le suicide et causent bien du tracas à leurs prétendants. Même le caméo d'une Naomi Tani bien énervée tombe à plat (un homme la supplie de le ligoter), sans parler du pervers voyeur prompt à illustrer le cours d'anatomie d'écolières curieuses, et de se transformer en gorille à la redescente d'un arbre. Si un cinéaste catalogué comique comme Shinya Yamamoto n'est guère plus glorieux, il fait montre d'un sens de l'excès paillard, du cocasse gras et de la surprise ici cruellement absent. Trop sur de ses effets sur un récit à la rythmique distendue, Konuma brasse du vide à l'image d'une bande-son jazz guillerette tentant désespérément d'exister au milieu de ce fatras.
Gewurztraminer
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le 29 mars 2011

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