Réapprendre l'homme et la nature

Cette histoire, nous la devons autant au réalisateur Safy Nebbou qu'à l'auteur et aventurier Sylvain et Tesson. Ce dernier ayant lui même éprouvé la vie sibérienne, expérience qu'il raconte dans son récit du même titre et qu'il a d'autre part filmé à titre de documentaire (6 mois de cabane au Baïkal )

Nous suivons donc un avatar de Tesson, en quête de sens à sa vie, de calme et de temps : telles sont les notions qui motivent son départ d'un Occident dont les fondements prônent la vitesse et le rendement, intoxiquant les relations humaines. Il s'installe donc dans une cabane au bord du grand lac Baïkal, gelé. Un paysage qui offre au cinéaste l'occasion de nous montrer de merveilleux plans.

L'acclimatation de l'homme à la nature est bancale, parmi les endroits où elle est à son paroxysme de brutalité. Le ridicule de l'homme qui, habillé seulement d'une paire de bottes fourrées, expérimente successivement les températures extrêmes (chaleur du sauna artisanal puis l'eau frigorifiante du lac).

Seul un personnage, caché des hommes par obligation, est parvenu à survivre en s'adaptant progressivement au cadre. Sans lui, notre personnage qui est lui ermite par choix aurait péri : alors qu'il est pourtant armé d'un fusil, il ne fait pas le poids face à la tempête dévastatrice. Une rencontre qui permettra à l'occidental de retrouver un sens aux rapports humains : l'échange de savoirs, la protection mutuelle, ou un partage des ressources qui contrastent avec l'obtention, en ville, de médicaments grâce au biffeton réclamé sous la table par le médecin.

Ce n'est pas un endroit pour la vie humaine, sinon pour les évadés, ceux qui se cachent de leurs semblables ; cette idée est ressassée tout au long du film. L'acteur principal, Raphaël Personnaz, sert de manière authentique une ode à la mère nature et, finalement, à la sobriété heureuse.