Juger la première oeuvre d'un cinéaste dont on admire la filmographie dans sa presque totalité tout en faisant preuve d'un minimum de recul pour ne pas se voiler la face et passer pour un gros fan-boy n'est pas chose aisée. Et admettre que l'on puisse passer totalement à côté d'un délire légèrement abscons l'est tout autant.


Moyen-métrage bricolé par un John Carpenter en fin d'études avec son pote Dan O'Bannon, Dark Star parviendra à se faufiler dans quelques salles grâce aux bons soins d'un distributeur lui accordant une modeste enveloppe afin de transformer la chose en véritable long-métrage de cinéma. De quarante-cinq minutes, Dark Star passe ainsi à une heure et vingt-trois minutes, avant que Carpenter ne tranche dans le montage bien des années plus tard, retirant une bonne dizaine de minutes.


Sorte de parodie de 2001, Dark Star est à prendre pour ce qu'il est, un délire potache entre potes totalement allumé, fauché et ne cherchant jamais à être autre chose. Conscient de ses limites, le film se permet même un petit hommage aux monster-movies à la Roger Corman par le biais d'une créature insensée et pas effrayante pour un sou, mais dont l'utilisation annonce clairement le futur Alien imaginé par O'Bannon.


Tout comme la vision anti-glamour de la science-fiction et de ses voyages spatiaux, les personnages de Dark Star étant montré comme de simples employés d'une quelconque compagnie, avec tout ce que cela implique d'ennui et de galères. Malgré un budget riquiqui et des décors à l'avenant, John Carpenter fait déjà preuve d'un sens du cadre indéniable, utilisant l'espace avec un talent qui éclatera véritablement avec son essai suivant, le mythique Assault on Precinct 13.


Pas toujours bien rythmé, parfois à côté de la plaque dans ses tentatives d'humour et loin d'être un chef-d'oeuvre oublié, Dark Star reste davantage intéressant par ce qu'il laisse entrevoir des futurs talents réunis autour d'un trip d'étudiants que par ses véritables qualités cinématographiques. A voir donc par curiosité avant tout, même s'il n'est pas interdit d'y prendre un certain plaisir.

Gand-Alf

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