[Remarques générales. Je n'ai pas envie de juger et noter des films que je n'ai vus qu'une fois, souvent avec peu de connaissance du contexte de production. Je note donc 5 par défaut, et 10 ou 1 en cas de coup de cœur ou si le film m'a particulièrement énervé. Ma « critique » liste et analyse plutôt les éléments qui m'ont (dé)plu, interpellé, fait réfléchir, ému, etc. Attention, tout ceci sans égard pour les spoilers !]


Enfin, dans Darkest minds, toustes les adolescent-e-s ne sont pas idiot-e-s. Il y en a qui ont des yeux verts. Yeux qui, de temps en temps, s'allument, il y a alors soudain de la lumière dans le cerveau -- c'est « l'illumination », « l'éclair de génie », paf. Le ridicule de cette représentation de l'intelligence (ou bien s'agit-il plutôt de connaissance ? Chubbs (Skylan Brooks), à la recherche du sens d'une séquence de chiffres, commence par l'alphabet sumérien, ce qui est bête, mais au moins il connaît l'alphabet sumérien) est anecdotique. Mais j'ai ri un peu noir lors de ces scènes, et maintenant je ris un peu jaune en lui trouvant un écho malheureux à l'image que Darkest minds renvoie du public visé, un public adolescent : une bande de demeuré-e-s.


Pour ne pas trop surprendre l'ado pas encore bien structuré-e, le scénario est limpide, totalement lisible à l'avance. Les « retournements de situation » n'ont à l'écran pas plus de profondeur que sur un synopsis. « en fait le méchant est gentil », « en fait il est vraiment (très) méchant », « finalement Ruby (Amandla Sternberg) rejoint la Ligue » (... sur qui on ne sait toujours... rien) : c'est exactement comme ça que ça se passe, ces quelques mots suffisent à décrire des événements sans plus d'enjeu ou de contexte dans le film.


Pour ne pas déboussoler l'ado pas très subtil-e, les archétypes succèdent aux archétypes. On fait des efforts de « diversité », il y a des filles, il y a des blacks, il y a même une fille typée asiatique, enfin, plutôt une mascotte muette et mimi, mais ça compte pour les quotas. (C'est important les quotas, parce que derrière les quotas il y a des parts de marché.) Par contre, en termes de personnalités, de caractères, de situations... les personnages sont construits avec quelques grandes lignes archétypiques et canoniques à souhait. Il ne faudrait pas que l'ado s'imagine qu'il y a autre chose dans le monde que ces éternelles marionettes.


Et parce que l'ado a besoin de confort, Darkest minds évite absolument de creuser ce qui aurait, vaguement, fait sa spécificité, un pitch intéressant mais totalement négligé. 90% des enfants meurent, les autres ont des pouvoirs surnaturels ; qu'est-ce qu'on peut faire à part enfermer les survivant-e-s dans des camps (pour lacer des chaussures), comment les adultes vivent-ils la situation, quel est le plan à long terme, aucune de ces questions n'est ne serait-ce que soulevée. De même, à la fin, on se contente d'une parodie démocratique, où chacun-e a sa place malgré sa « différence », même si c'est celle qui a les pouvoirs les plus badass qui finit leader -- peu importe si elle vient d'arriver et n'a guère de charisme. Elle a les yeux orange, on vous dit ! En plus c'est le personnage principal ! Pour éviter d'avoir quelque chose à raconter, de tenir un quelconque discours, de courir le risque de faire réfléchir, entre ce début et cette fin qui pourtant avaient un certain potentiel, Darkest minds navigue entre une love story quelconque et des scènes d'action quelconques. Banal, mais un petit peu de tout, pour faire plaisir à tout le monde.


Parce que tout ça, ce n'est pas très important. On n'oubliera pas cependant que l'ado est un-e consommateur-rice en puissance, on lui vendra sans doute une suite, au moins une trilogie, et entre temps iel pourra certainement s'enquérir de produits dérivés fléchés par le code couleur (vert jaune bleu rouge orange).

Rometach
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le 25 sept. 2018

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Rometach

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