Je n’aime pas Jim Jarmusch. Je n’aime pas son style. Je n’aime pas ses films.


Jarmusch est un homme fasciné par l’ennui, la lenteur et les gens qui se font chier (merci l’introduction du film). On pourrait d’ailleurs comparer son style à celui de Sofia Coppola. Sauf qu’elle, au moins, essaye de rendre ses personnages ou ses décors intéressants. Mais pour lui, pas question ! Il faut que les personnages soient banaux et les lieux les plus ternes possibles (en témoigne sa fascination pour le noir et blanc, parce qu’évidemment mettre un peu de couleur rendrait le film trop vivant). Mais plus encore, je n’aime pas sa puérilité et ses fantasmes de gosses qu’il essaye de faire passer pour profond. Et naturellement, Dead Man regroupe tout cela.


Ainsi, l’histoire se concentre sur un banal avocat nommé William Blake qui, suite à sa rencontre avec un indien, va entreprendre une sorte de quête spirituelle, le transformant en un autre homme. Dit comme cela, ça peut faire envie mais, vu que c’est Jarmusch, c’est beaucoup moins intéressant que ça en a l’air. Ici, point de reflexion sur l’identité de Blake ( est-il vraiment la réincarnation du célèbre poète ? ), point de questionnement sur les choix de vie du bonhomme ou sur les meurtres qu’il doit commettre (alors que c’est un timide avocat, je le rappelle), point de fascination pour un monde inconnu ou de lent changement moral. A la place, Jarmusch nous assomme de ses clichés et de ses délires d’enfants simplistes : il suffit de rencontrer un indien random qui balance des « saleté d’homme blanc » et des dictons à la noix pour, tout de suite, devenir hyper badass, se mettre du sang comme marques de guerre sur le visage et communier avec la nature (le calin avec le faon mort). Tout cela accompagné par des antagonistes caricaturaux, comme le méchant chef d’entreprise qui veut pas rembourser Blake, le méchant vendeur d'arme raciste ou le méchant chasseur de primes cannibale. Oulala, qu'ils sont méchants.


Alors oui, le film est quand même joli et la bande-son est sympa (quoique très répétitive), mais il ne suffit pas de foutre du noir et blanc et d'avoir un rythme lent pour faire un bon film. Si la seule chose que t’as à proposer, c’est un western délirant basé sur tes rêves de gosse, alors fais-le ! Essaye pas de rendre le tout chiant et morne pour faire un film soit-disant intelligent.
Si vous aimez le cinéma de Jarmusch, alors vous allez adorer. Sinon, passez votre chemin.

MrGabichon
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le 13 mai 2020

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MrGabichon

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