Inspirée de faits réels, Decoding Annie Parker suit le parcours de deux femmes séparées par des milliers de kilomètres mais confrontées au même problème : le cancer du sein. D'un côté, l'Annie Parker du titre lutte contre la maladie qui a déjà emporté sa grand-mère, sa mère et sa soeur ; de l'autre, la généticienne de renom Marie-Claire King s'acharne à prouver que ce cancer est lié à un gène héréditaire. Rappelons que dans les années 70, époque à laquelle se déroule le film, les scientifiques n'envisageaient nullement que la maladie puisse être transmise de quelle manière que ce soit.

Nous rencontrons donc ces deux femmes au début du film et passons beaucoup de temps avec Annie Parker (assez finement interprétée par Samantha Morton). Annie Parker est une jeune femme assez délurée, bien dans sa tête et dans son corps, amoureuse, maman, mais terrifiée par la perspective de contracter un cancer comme toutes les femmes de sa famille. Annie et son second degré nous aide à dédramatiser la maladie et la mort. L'ouverture avec la citation "my life was a comedy, i just had to learn to laugh" donne le ton : nous naviguerons entre émotion et un certain humour - toujours très élégant. À côté de ça, Marie-Claire King nous apparaît uniquement dans ses bureaux et laboratoires. Son personnage et l'intrigue qui l'entoure n'a pour but que d'expliquer en quoi consistent la maladie et ses recherches. Les scènes entre elles et son équipe, en formes de brainstormings et vulgarisation médicale, permettent au spectateur d'assimiler des notions assez complexes de manière bon enfant, mais n'apportent finalement rien de très intéressant à l'histoire. Elles apparaissent plutôt comme une bouffée d'air, une pause dans la vie mouvementée d'Annie Parker. Le plaisir coupable du cinéphile réside davantage dans le côté "Qui Est-Ce" des membres de l'équipe que dans l'importance des scènes : comme souvent dans le cinéma indépendant américain, le directeur de casting s'est fait une joie de piocher dans les seconds couteaux des séries télévisées, et revoir (même brièvement) les visages de Ryan de Newport Beach, du Gooch de Scrubs ou encore de Maggie Grace, permet d'avaler la pilule.

On regrette qu'Annie Parker et Marie-Claire King ne soient jamais en contact l'une avec l'autre (on aurait aimé une collaboration entre les deux femmes) ; on regrette que la généticienne n'ait au final qu'un rôle utilitaire et qu'Helen Hunt ne puisse pas profiter du rôle pour en faire quelque chose de plus grand. On apprécie malgré tout les tranches de vie d'Annie Parker, véritable force de la nature, et de nombreuses scènes décalées très bien pensées (les scènes de funérailles, le dépistage frénétique dans le restaurant...). Malheureusement pour Steven Bernstein, son film sort alors que la série télévisée The Big C vient de se terminer, et tous les "passages obligés" du film (la découverte de la maladie, le combat, la rémission, la frustration du fils...) font échos aux scènes bien mieux écrites et bien plus touchantes de la série avec Laura Linney.

On se retrouve alors devant un film rempli de bonnes intentions, bien pensé, au look délicieusement rétro mais à l'arrière-goût de resucée. Un bel effort, utile pour mettre en lumière l'évolution des connaissances scientifiques, mais un peu trop sage et quelque part, sans grande prise de risque. Comme si The Big C et Dr. House (pour les brainstorming médicaux) avaient eu une fille et qu'ils l'avaient nommée Annie Parker.
GauthierM
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Champs Elysées Film Festival 2013

Créée

le 18 juin 2013

Modifiée

le 18 juin 2013

Critique lue 422 fois

1 j'aime

GauthierM

Écrit par

Critique lue 422 fois

1

D'autres avis sur Decoding Annie Parker

Decoding Annie Parker
GauthierM
6

Critique de Decoding Annie Parker par GauthierM

Inspirée de faits réels, Decoding Annie Parker suit le parcours de deux femmes séparées par des milliers de kilomètres mais confrontées au même problème : le cancer du sein. D'un côté, l'Annie Parker...

le 18 juin 2013

1 j'aime

Du même critique

Quartet
GauthierM
7

Le conte d'Hoffman

Inspiré au dramaturge et scénariste Ron Harwood par le documentaire Le Baiser de Tosca, Quartet est un film sensible et humain. Il se déroule au sein d'une maison de repos pour musiciens ou chanteurs...

le 28 mars 2013

9 j'aime

Franky Knight
GauthierM
8

Cohérent, décent, touchant.

C'est toujours très difficile d'évaluer un album d'Emilie Simon. Ca l'est d'autant plus quand ça concerne Franky Knight. Parce que cet album a une aura, une histoire, un passé, un vécu. Quelque chose...

le 20 déc. 2011

8 j'aime

The Secret Circle
GauthierM
2

Copier mal collé.

The Secret Circle part déjà d'un mauvais pied : tout le monde la compare à Vampire Diaries. En même temps, le lien se fait très rapidement. Une jeune et belle héroïne fraichement orpheline, un...

le 17 déc. 2011

6 j'aime