Soeur Yulia, une nonne russe, accouche de deux jumeaux : une immaculée conception, selon elle. Elle ne veut parler qu'à une seule personne, le père Fox, qui comptait quitter l'Église pour se consacrer à sa copine. Le cardinal Russo lui parle d’une ancienne prophétie à propos d'une vierge qui donnera naissance à deux jumeaux, l'un étant le Messie, l'autre l'Antéchrist. Traqués par le Vox Dei, une société secrète voyant les enfants comme une menace, tous se réfugient en Estonie, et il apparaît clairement que la bataille pour la fin des temps a déjà commencé...


Hormis quelques rebondissements tout à fait secondaires, c'est là quasiment tout le scnério de Deliver Us. Pourtant, le sujet se prêtait à moult développements métaphysico-apocalyptiques : la bataille tant attendue entre le Messie et son rival l'Antéchrist ! Tout au mieux aura-t-on une vague épidémie pour expliquer la mort de la copine du héros, une éclipse et quelques moments recherchant l’angoisse psychologique.


Le drame est que Deliver Us est un film maîtrisé. La musique est là, l'obscurité aussi, les plans sont travaillés... Du point de vue purement esthétique, c'est impeccable ; côté distribution, pareil, tout le monde fait son job. Le surnaturel, qui survient via l'influence du jumeau maléfique, est mis en scène intelligemment (en témoigne la mort de Russo). Bref, sur le papier, tout va bien.

Cependant, le film ne décolle jamais, se contentant d'être « juste » inquiétant ou lourd là où il aurait pu être véritablement horrible, ou bien lyrique et spectaculaire (dans l'affrontement biblique qu’il promet). Le lien entre cette mère et ces enfants particuliers aurait mérité d'être travaillé, lui aussi, et même si Maria Vera Ratti offre une performance tout à fait correcte, cela ne se fera jamais. Le Vox Dei, la secte chelou façon Gladio du début, n’apparaîtra plus jamais, sauf en la personne du père Saül (l’antagoniste principal du film), et on ne saura jamais qui ils sont, au final : vrais salauds, croyants de bonne foi manipulés par le Diable, autre chose ?


Malgré le sujet, nulle grande réflexion théologique non plus, si on excepte la fin (le bien et le mal doivent cohabiter pour que chacun puisse faire son choix et que ce dernier ait une valeur devant Dieu). En fait, c'est dans les 20 dernières minutes que Deliver Us démarre. C'est juste là qu'il commence à esquisser un début d'ambition filmique. Entre-temps, il faut subir les tribulations plates d’un scénario timoré pendant 1 h 30, ce qui est somme toute long, très long même… Comble du mauvais goût, on a même droit à un ou deux jump scares pour faire croire qu'il se passe quelque chose.


La création de Kunz & Ennis est comme ces meringues magnifiques sur Instagram : une apparence parfaite, mais à l'intérieur, que de l'air, et au goût, c’est bien fade. Jamais on ne tressaille, frissonne ou angoisse devant ce film qui n’exploite pas du tout ses capacités. Impossible de mettre moins que la moyenne pour un film techniquement si bon, mais impossible également de mettre plus tant le résultat final ressemble à une baudruche.

C4r4mel
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le 29 janv. 2024

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