Cinexpérience 44 que dans ma grande mansuétude je partage avec ma mère. Avant le démarrage du film les gags fusent. Un câble qui pend du plafond, des blagues de mauvais goût au voisin, bref ambiance joviale et bon enfant.
Puis -enfin- le noir et le choc "thermique". Là je vois Arte, les films du poisson et je sens déjà que ma tendre mère va rester sur le bas coté. Comprenez-la, assommée de meeting, de power point et de marketing toolbox (et avec pour film préféré: The Holiday) qu'est-ce que vous voulez qu'elle s'intéresse à ce documentaire qu'elle "pourrait regarder le dimanche en repassant".
Evidemment moi, bobo-suffragette-de-gauche c'est different.


Hélène est magicienne elle assemble les mots comme autant de tours, et aveuglée par son autisme je découvre ses phrases comme je trouve un serpent dans botte.

C'est tout d'abord cette beauté des mots, je n'y croyais pas au début, mais les explications de la mère et de son long processus aident à la compréhension.
Puis vient la frustration de ne pas en avoir plus: de son humour, de son utilisation propre des mots et surtout d'un monde complètement étranger. J'aime voir que l'autisme est perçut ici non pas en tant qu'une situation d'infériorité mais en une sorte d'inadaptation mutuelle. Comme si la majorité ne suffisait plus à faire de nous les gens "normaux" et eux de part nos différences les gens "anormaux". Au cours d'une discussion sur les lumières, la mère évoque une faille chez "nous" ou un don que nous aurions perdu mais que les autistes ou du moins sa fille a gardé. Et ce discours est naturel il n'est pas imbibé de bien pensance, ou de politiquement correct, il n'est pas là pour ne pas blesser mais parce que cela correspond à de véritables pistes.


En revanche derrière cette médaille reluisante se cache un ressenti personnel, celui de voir Hélène comme une bête de foire.
Cette nana capable de pondre des punchlines aussi intemporelles que Nekfeu face à Logik Konstantine en 2011 se retrouve au festival d'Avignon. Cool, ça marche pour elle et elle à l'air ravie. Mais la réal qui te balance que tu peux acheter son livre à la fin de la séance et le mec qui fait une mise en scène un peu exagérée je dis non. Alors oui, il faut bien qu'elle vive de son talent et qu'elle se fasse du biff.
Mais je n'ai pas supporté de voir ses textes purs (qui malgré leur provenance d'un cosmos étranger arrivent à faire échos à mes oreilles) devenir l'instrument d'une mise en scène théâtrale surfaite.
Pour moi le seul vrai spectacle c'est Hélène et sa mère posant sur une feuille de papier blanche des lettres de l'alphabet. Avis que la salle partage puisqu'au moment ou la boite est sortie, le silence était là, prêt à recevoir ses mots.


C'était probablement une des cinex les plus intéressantes, je n'ai malheureusement pas pu rester jusqu'a la fin, d'ailleurs gros big up a tout le fond de la salle qui à eu une vue magistrale de mon postérieur nu, merci le jogging new look trop grand et la culotte trop petite. (Je demande pardon au âmes les plus sensibles).

CyrielleFarges
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le 7 nov. 2016

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Cyrielle Barges

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