Kurosawa nous offre ici une véritable ode à la nature ainsi qu'une belle expérience humaine. Les plans fixes nous permettent de contempler toute la beauté des paysages russes enneigés, ou bien à contrario, ensoillés lorsque l'été arrive. Le panel de décors est varié, vous verrez des forêts, des banquises, des steppes etc.
Pas de fioritures, les musiques qui accompagnent notre voyage savent être discrètes, laissant plutôt place aux bruits de la nature; les branches qui se cassent sous le pas enthousiaste des soldats, le vent soufflant sur les collines ou encore le chant des oiseaux accompagnant nos explorateurs qui eux-mêmes chantonnent. Cependant, malgré cette discrétion apparente, quelques musiques plus affirmées apparaissent parfois pour renforcer les situations dans lesquelles notre équipe va se retrouver.
Nous faisons presque face à une œuvre naturaliste, nous montrant la nature dans son plus simple appareil, mais cela ne s'arrête pas là. Les dialogues sont eux aussi d'une très grande simplicité et c'est peut-être ce qui m'a touché dans ce film. Dersou représente un monde ancien, il est un personnage solitaire, chassant pour survivre mais respectueux de ce que la terre peut lui offrir. Il évolue librement dans ce vaste monde, tout en faisant attention à respecter ses croyances liées à la nature. Le capitaine quant à lui représente un monde plus moderne, il vient de la ville, et s'aventure sur des terres qu'il ne maîtrise pas. Ces hommes qui sont si différents, sont en réalité la face d'une même pièce. Durant une scène les deux hommes sont face au soleil couchant, faisant place à la lune qui apparaît. Ils sont le jour et la nuit, si différents et pourtant si proches. Et malgré ces différences, une amitié, que dis-je une fraternité va se créer, nous faisant nous attacher à nos aventuriers, avec l'envie d'à notre tour, rejoindre l'aventure.