Grand Prix du Jury au festival de Cannes, le nouveau film de Xavier Beauvois a beaucoup fait parler de lui, pour son prix d'abord et surtout par son succès en salle, le président en personne se l'ai fait diffuser à l'Élysée. Le sujet religieux n'y est pas étranger, l'histoire vraie de ces 7 moines trappistes ( membres de L'ordre cistercien ) refusant la protection de l'armée face à la venue d'islamistes terroristes, et de leur dramatique sort avait tout pour toucher au plus profond le spectateur.
On suivra donc les 3 dernières années de ces hommes au sein d'un monastère perdu entre les montagnes algériennes, de leur quotidien : aides aux villageois ( soins, habits, matériels ), rituels catholiques, travail de la terre : tâches donc relativement simples et austères à l'image de leur vie et du choix fait par ces hommes de s'éloigner de toute folie mégalopolienne et de vivre retiré, plus proche des hommes et de la nature. C'est l'arrivée de terroristes qui va bouleverser la paisible vie de la région, les atrocités se multipliant dans la région, la question va vite se poser de rester ou partir pour ces religieux. D'abord partagé, la décision de refuser l'aide de l'armée va façonner la bravoure de ces hommes au choix courageux pour les uns et incompréhensible pour les autres.
Quelque soit l'opinion de chacun, la décision de ces hommes et de leur vie reste un symbole fort d'un mode de vie monacal parfaitement restitué par Beauvois, habitué à des réalisations lentes il reconstitue la vie du monastère de façon fidèle et appliqué. Entre silences monastiques, longues prières religieuses et chants métaphysiques, des Hommes et des Dieux s'applique à recréer l'univers et l'ambiance capitulaire très lente et très longue du monde religieux. Le rythme scénaristique reste le même, souvent dans le même ordre, entrecoupé de longs silences et de longues incantations liturgiques à la puissance similaire.
Côté artiste, la troupe d'acteurs interprétant les différents moines livre une performance d'ensemble touchante, engagée et parfaitement dans le ton global du film. Beauvois signe une uvre ultra immersive à la beauté visuel fascinante, lumineuse et agrémentée des superbes paysages algériens, entre plaines, montagnes et villages.
Indispensable à son ambiance, Des Hommes et des Dieux peut s'avérer un tantinet trop long, lent et répétitif dans son montage, un défaut nécessaire qui pourra en rebuter plus d'un.
L'uvre n'est évidemment pas réservée qu'aux croyants et pratiquants, cependant à travers son ambiance et son sujet elle demeure fermée à une totale immersion pour touts agnostiques ou athées, ce qui n'empêchera pas le spectateur d'y voir de nombreux symboles et questionnements, et ce, bien au delà de toute appartenance religieuse. C'est d'ailleurs un des partis pris de Beauvois : ne rien expliquer, ne donner aucune piste ni indice sur les nombreuses zones d'ombres de l'histoire, en commençant par les raisons étranges qui ont poussées les terroristes à kidnapper et massacrer les moines, rien n'est montré non plus, tout est supposé, il est davantage question de ressenti et de superficialité que d'analyse dans ce cinéma là, intelligent car le contraire eusse été indécent.
Des Hommes et des Dieux est donc un grand film, au ressenti individuel propre, on peut adhérer ou non, reste un film fort, terriblement humain qui montre comme rarement le quotidien religieux dans tout ce qu'il a de plus captivant et dogmatique, saisissant.