Désir(s)
5.5
Désir(s)

Film de Valeska Grisebach (2007)

Désir(s) prouve qu'il n'est pas nécessaire de disposer d'un gros budget pour prétendre réussir un bon film.


Rohmer l'a démontré, mais dans un style diamétralement opposé: ici le silence, porteur de sens, induisant la réflexion du spectateur, là l'effusion de paroles qui dit tout; ici la grave tragédie qui emporte tout sur son passage, là les légers quoique douloureux tracas du cœur qu'on oublie aussitôt; ici un destin écrit comme la fatalité inexorable, là une ligne narrative assez floue, laissant les personnages libres de leurs agissements.


En effet, Valeska Grisebach s'inscrit dans la tragédie, intime, personnelle, insidieusement ravageuse – et elle ne le cache pas, comme l'atteste la référence, dès le début du film, à Roméo et Juliette et à son romantisme. Cependant, bien que cette référence soit révélatrice, rien vraiment ne laisse croire à ce qu'il adviendra des personnages, de ce couple dont l'union semble inébranlable. C'est là l'un des mérites de la cinéaste, qui parvient à surprendre le spectateur, à le faire douter et réfléchir sur ses certitudes.


Néanmoins, la patte du démiurge apparaît trop évidente lorsque le récit s'approche de son dénouement, bien qu'elle s'affaire à la dissimuler. Le recours au tragique nous semble exagéré, invraisemblable, peu crédible : les scènes du balcon avec l'amante et celle du garage avec le lapin et le fusil le démontrent.


Dommage car sans ce grand écart dramatique, le film aurait pu prétendre à d'honnêtes louanges.

Marlon_B
6
Écrit par

Créée

le 6 août 2020

Critique lue 260 fois

1 j'aime

Marlon_B

Écrit par

Critique lue 260 fois

1

D'autres avis sur Désir(s)

Désir(s)
Marlon_B
6

Le lapin et le fusil

Désir(s) prouve qu'il n'est pas nécessaire de disposer d'un gros budget pour prétendre réussir un bon film. Rohmer l'a démontré, mais dans un style diamétralement opposé: ici le silence, porteur de...

le 6 août 2020

1 j'aime

Désir(s)
AyanamiRei
6

Pas une critique!

Un film, presque une belle histoire, fait de silences. Le film est une série de vignettes disjointes, mais prologue et épilogue lui permettent de garder une certaine "forme". Certaines scènes sont...

le 30 août 2020

Du même critique

Call Me by Your Name
Marlon_B
5

Statue grecque bipède

Reconnaissons d'abord le mérite de Luca Guadagnino qui réussit à créer une ambiance - ce qui n'est pas aussi aisé qu'il ne le paraît - faite de nonchalance estivale, de moiteur sensuelle des corps et...

le 17 janv. 2018

30 j'aime

1

Lady Bird
Marlon_B
5

Girly, cheesy mais indie

Comédie romantique de ciné indé, au ton décalé, assez girly, un peu cheesy, pour grands enfants plutôt que pour adultes, bien américaine, séduisante grâce à ses acteurs (Saoirse Ronan est très...

le 17 janv. 2018

26 j'aime

2

Vitalina Varela
Marlon_B
4

Expérimental

Pedro Costa soulève l'éternel débat artistique opposant les précurseurs de la forme pure, esthètes radicaux comme purent l'être à titre d'exemple Mallarmé en poésie, Mondrian en peinture, Schönberg...

le 25 mars 2020

11 j'aime

11