Devil in the Dark
4.2
Devil in the Dark

Film de Tim Brown (2017)

Comment abuser de la patience d'un spectateur pourtant indulgent

La principale qualité requise chez un amateur de films d'horreur, c'est l'endurance. Non pas à cause des frissons ressentis lors de la vision des films les plus réussis du genre, non. ça, c'est la récompense.
Non, il faut de l'endurance parce que pour trouver un film réussi, il faut s'en taper des dizaines qui sont des bouses sans nom. Et encore, je suis plutôt un bon public et je me distrais facilement devant un film qui sera reconnu comme un navet par la plupart des spectateurs. Prenons Satanic par exemple. Et bien, je m'y suis bien amusé. Pas le grand frisson, mais un film plaisant et divertissant à mes yeux.
Donc, malgré ma grande bienveillance envers ce genre, il y a bien des fois où j'en ai eu assez de voir des film formatés et dénués de la moindre qualité. Des réalisateurs qui ne savent pas qu'un film d'horreur fonctionne énormément sur son ambiance et qui foncent tête baissée dans une surenchère d'effets sans saveurs. Des réalisateurs qui pensent que les jump-scares font partie de l'horreur, et qui confondent être surpris et avoir peur. Etc.


Bref, comme tous les amateurs du genre, j'en ai vus, des débilités.
Mais là, on atteint un niveau.
Donc, Devil in the dark se présente bel et bien comme un film d'horreur : le titre, l'affiche, la classification officielle, tout y est.
Le scénario raconte l'histoire de deux frangins qui ne s'apprécient pas vraiment. Déjà petits, ils étaient très différents, et là... ben, ils s'ignorent, tout simplement. L'un, Clint, est l'homo americanus dans toute la splendeur de sa représentation cinématographique. Un homme proche de la nature, habillé en chemise à carreaux, et qui mène une vie simple avec femme et enfants (si tant est qu'il soit possible de mener une vie simple lorsque l'on est marié). L'autre, Adam, est un citadin qui fuit la nature et la montagne de son enfance, comme il fuit son enfance elle-même, d'ailleurs.
Bref, les deux frangins se retrouvent après des années de rancoeur et décident de partir pour une expédition de chasse dans la montagne pendant une semaine.
L'idée est séduisante, et le cinéaste prend son temps pour implanter les personnages. Bien entendu, ce sont des personnages stéréotypés, caractérisés en un trait de crayon, mais au moins, on évite les gros effets balancés aux yeux des spectateurs au bout de trois minutes de film.
Alors, on a les retrouvailles.
Puis la soirée au bistrot.
Puis la soirée à la maison, avec l'ambiance tendue.
Les flashbacks.
La vérification du matériel.
Les décors de montagne, OK, c'est pas mal, même si ça ne vaut pas The Deer hunter.
Le ridicule du citadin qui ne sait pas se préparer pour une expédition, ça, c'est fait.
...
...
...


Une bonne moitié du film est passée, et toujours rien à l'horizon.
Ah si, j'oubliais ! Pendant la soirée au bar, un mec complètement bourré a dit que c'était dangereux de partir chasser sur le plateau. Soit.
Et à part ça ?
Ben, toujours rien.
...
...
...


Une heure de film (sur 80 minutes au total, quand même).
On a, au compteur, un cri sensé faire peur et des cauchemars ridicules.
ça fait peu.
On commence à craindre que les scénaristes n'aient pas beaucoup d'idée.
On commence surtout à s'en rendre compte.
...
...
...


Résultat final : sur une heure et vingt minutes, s'il y a cinq minutes "d'horreur", c'est bien le maximum.
Et attention, qu'on ne se méprenne pas ! Quand je dis "horreur", je pense à des scènes qui justifieraient que le film soit classé dans cette catégorie. Mais, en réalité, ça fait plus rire que peur.
Alors, deux possibilités s'offrent à moi :
_ soit les responsables de ce machin n'ont obtenu un financement qu'à la condition que le film soit classé dans la catégorie "horreur", et ils ont torché deux scènes avec un mec en costumes gris quasiment invisible en pleine nuit
_ soit ils sont vraiment incompétents.
Enfin bref, il est difficile de sortir de ce film sans avoir l'impression qu'on s'est bien foutu de notre gueule.

SanFelice
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le 8 juin 2017

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