Dhruva
Dhruva

Film de Surender Reddy (2016)

Signature indienne oblige, on s'amuse des interludes chantés et de ces si beaux regards énamourés, ou nombre de prises, toutes plus publicitaires les unes que les autres - telle être perchée sur un arbre en équilibre, avec tout le naturel que l'on peut imaginer -nous donne à voir ces envolées sentimentales si naïves et enjouées. Sous le soleil et face à un lagon bleu sorti dont on ne sait d'où, une jeune femme se roule dans le sable, sans raison apparente, change de tenue par un coup de baguette magique et chante avec ferveur un hymne à l'amour pour son héros musclé, aux lunettes noires posées sur le nez. Et à nous de saisir toute l'intensité du regard. Tout ceci pour introduire la romance obligatoire, posée là, et comme souvent décidée par le personnage féminin sans que l'heureux élu ait quelque chose à y redire.

S'ils coupent le rythme par ces élans de romantisme hors propos, restent les chorégraphies pensées comme un entracte à la violence des échanges, souvent réussies, et c'est bien ce que l'on attend pour en apprécier le dynamisme communicatif et les pas de danse caractéristiques. C'est vivant et plein d'entrain, les acteurs sont des artistes accomplis et pleins de ressources et on retient la musique de Hiphop Tamizha.

Après les remakes de films américains, on salue la volonté de se sortir des romances à l'eau de rose. Un genre action pour Surrender Reddy qui use et abuse de ses effets de mise en scène, énergique mais brouillonne, aux seconds rôles peu inspirés, clichés compris. Une touche d'actualité avec la corruption dans le milieu médical rappelle aux enjeux du pays. La violence faite aux femmes est introduite comme une sorte de méa-culpa maladroit et on passera rapidement à autre chose. Le cinéaste tente l'ouverture d'esprit avec Ishika, (Rakul Preet Singh) mais qui ne semble servir que la volonté de faire de notre héros un homme ouvert au dialogue. Flic elle-même, on ne la verra que très peu sur le terrain, attendant patiemment son éventuel mariage...On reste dans les clous.

On se contente alors d'une intrigue qui joue sur sa rapidité d'action. Les rebondissements sont multiples et cousus de fil blanc, le montage aux accélérés et coupures récurrentes joue d'un rythme enlevé que l'on retrouve chez d'autres cinéastes pour nous signifier l'urgence de la situation avec plus ou moins de réussite. On suit inlassablement chaque action en mouvements croisés, spleen-screen à l'appui et scènes de baston pour Dhruva (R.Charan qui aura soulevé quelques poids pour l'occasion). On se délecte ou on lève les yeux au ciel lors des combats où les adversaires sont balancés telles des marionnettes dans les airs, et on rajoute les touches d'humour avec Posani Krishna Murali qui rappelle curieusement à certains personnages décalés sud-coréens. Un père aimant usant de mots doux pour son criminel de fils, le désinvolte Siddharth, (Arwind Swamy), au meurtre facile à régler ses petites contrariétés.

Si la traduction ne démérite pas, l'ensemble reste bien bavard, et le cerveau de Dhruva en pleine ébullition. Si perspicace qu'on en reste coi. Rivalisant de réflexion à grands renforts de montages alternés et d'explication de textes, à défaut de duel frontal, il mettra fin aux agissements d'une mafia aux multiples ramifications.

Tout un melting-pot et une police bien droite dans ses bottes. Aidé de ses meilleurs amis, tous flics et aux liens amicaux indéfectibles, rien ne les arrête pour nous marteler les bons mots et la bonne morale du bien contre le mal et d'arrêter tous les vilains sur leur route.

C'est un peu du RRR : on fait comme on a dit...et tout devrait bien aller, ou presque.

limma
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le 3 août 2022

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