Ou plutôt "Belle journée pour mourir, saga Die Hard."

Ne vous en déplaise, le quatrième film je l'apprécie. Mais ce cinquième volet, là, non, c'est fini. Je suis donc au cinéma et à l’écran, je vois un homme parler d’une arme ayant 15 fois la capacité de détruire tout un pays en appuyant sur un simple bouton. Il en fait la démonstration et raye quand même la Grande-Bretagne de la carte. On appelle Bruce Willis pour régler la situation. Non, ce n’est pas le dernier Die Hard, c’est la bande-annonce de G.I. Joe en fait… mais ce 5e opus de la saga Die Hard n’est pas beaucoup plus farfelu.


Des méchants russes veulent récupérer un dossier secret et sont prêts à tout pour ça, le fils de McClane trempe dans les ennuis, John s’embarque pour la Russie le secourir. Bon, dans le premier et le second il secourait sa femme, dans le précédent sa fille, ici son fils… dans le prochain, il ira secourir Paulina, la femme de ménage portugaise qu’on voit 2 minutes dans le premier épisode. En tout cas il arrive en Russie, retrouve bien vite son gosse et c’est parti pour du dégommage de méchants par paquet de douze. Malgré une ou deux faibles surprises, vous constaterez que l’intrigue est médiocre et tirée par les cheveux.


Je commence par ce point faible pour attaquer les autres. Prenons les John McClane, père et fils. Le père reste le héros mais il gaffe à plusieurs reprises, du coup, même s’il prouve plusieurs fois que ses vieilles méthodes restent efficaces, à plusieurs reprises il passe un peu pour un boulet. Car le fils est tout autant capable de tenir une arme et, pour la première fois, il a un comparse qui est pratiquement sur un pied d’égalité avec lui. Il n’avait que de l’aide indirecte dans les deux premiers, dans le trois Zeus était intelligent mais pas bagarreur, et pareil pour Matt dans le quatre. Je dois dire que je préfère le McClane solitaire. Solitaire et vulnérable. Car un défaut déjà présent dans le quatre est amplifié ici :


Dans cet épisode, c’est Terminator. Il se prend les pires gamelles, il ne fait même pas semblant d’avoir mal. Regardez son état physique qui se dégrade et surtout sa détresse dans les premiers volets. Le fait qu'il ne soit pas un super-héros est ce qui était séduisait chez le personnage, mais il a fini par se fondre dans le moule. Ici non, il lâche des tonnes de vannes qui, en plus, marchent moins bien qu’avant dans l’ensemble. Il a beau assumer son âge, ça ne semble même pas l'handicaper. Même Martin Riggs qui semblait autrefois invincible levait le pied dans l'Arme Fatale 4, à l’aube de la quarantaine, c'était une des bonnes idées du film. Là, John McClane suit le chemin inverse. Sauf qu'à 55 ans, c'est bien moins logique !


Et puis, il se fiche de tous les dégâts qu’il occasionne y compris chez les civils. C'est les russes, on s'en fout. Il faut dire que dans les trois premiers, il avait toujours des limites car il avait des soucis avec la hiérarchie, là, tu parles. On essaie de développer le côté humain quand il est avec son fils, mais là encore, c’est faible, ça fait très forcé et c'est même prévisible. Les scènes où il est proche de ce dernier c’est du vu et du revu. Ne serait-ce que dans Die Hard 1 et 4. Mais en moins bien. Tu sens la structure scénaristique basique au possible.


Du côté des scènes d’action, il y a beaucoup de choses à dire. D’abord, il y a régulièrement le syndrome de la caméra tremblante, comme si c’était du found footage, qui est particulièrement pénible. C’est censé être cool ? Mais surtout : C’est trop, c’est beaucoup trop. Trop d’explosion, trop de morts. D’accord, elles en mettent plein la vue mais là, on n’est pas loin du premier Expendables, à savoir plus abrutissant que grisant. Je vous assure qu’il y a des fois où j’ai fermé les yeux pour les reposer.


Comme je l'ai dit, les dégâts collatéraux sont gigantesques, je sais qu’en réalité ils ont vraiment bousillé des voitures, et des centaines, et ça ne m’étonne pas. D'ailleurs je dois dire qu'au crédit de ce film, j'ai parfois vu du CGI, mais pas à outrance. Et les armes, les armes, jusqu’ici les rares fois où McClane n’avait pas qu’un simple revolver dans les mains, c’était d’une taille raisonnable. Ici, il a des armes gigantesques dans les mains, encore une fois on croirait le Gatling que le Terminator utilise pour tirer sur la police dans le deuxième volet… Et il n’y a pas l’ombre d’un affrontement à mains nues.


Parlons vite fait des méchants. Pour la première fois, il n’y en a aucun mémorable. Même dans le quatre c’était efficace en comparaison. Je ne me souviens que de de deux méchants et d'aucun nom. Dont un parce qu’il était complètement stupide : Il tient le sort de McClane et de son fils entre ses mains mais joue des plombes avec eux et va même jusqu’à danser, plutôt que de les tuer tout de suite, assez longtemps pour qu’ils trouvent un moyen de se tirer de cette situation. La scène dans sa globalité devient vite d’une stupidité effarante.


La cerise sur le gâteau c’est qu’il faut parfois un temps pour se rappeler qu’on est dans un Die Hard, même si le cadre en dehors des USA doit jouer. Oui il y a parfois le thème musical, oui on revoit vite fait sa fille, oui John est toujours attaché à son nom de famille, oui il porte son fameux t-shirt blanc, oui il dit « Yipikai pauvre con » et la mort d’un méchant qui fait penser à celle de Hans Gruber, mais c’est insuffisant pour toutes les raisons déjà évoquées. Sans parler de la toute dernière scène, clairement en trop.


Au final je n'ai pas complètement détesté et je ne me suis pas ennuyé, j’ai parfois ri, la sympathie qu’on éprouve pour John McClane est là et même si ça va trop loin, c’est rondement mené. Et puis, c’est aussi bien un défaut qu’une qualité, le film est court. En tous les cas, on sent le scenar vraiment juste pour atteindre la durée des autres, habituellement bien plus grande. En bref, c’est un film d’action correct, mais un Die Hard plutôt mauvais.

The Reg

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