Veera (la pétillante Rani Mukerji) est une jeune femme qui croit en son rêve. Tout en travaillant dans le théâtre familial, elle joue au cricket, dans un village qui ne possède qu'une équipe masculine. Afin de se joindre à la seule équipe du coin, elle se fait passer pour un homme, avec tous les quiproquos que cela peut déclencher.


La richesse du propos

Les trois thèmes de Dil Bole Hadippa! ("Le coeur dit : Allez !") s'entremêlent : la place de la femme, l'identité de l'Inde (par rapport au Pakistan) et enfin le goût du cricket.


La place de la femme

La femme est portraiturée de manière assez maladroite : Veera est vivante mais fantasque, d'autant plus libre qu'il n'y a ni père ni mère pour encadrer son quotidien, mais un chachu bienveillant (oncle réel ou affectif) et dépassé. Alors que les deux autres pendants féminins à son personnage sont des bimbos caricaturales sans cervelle : Shanno (sa sœur) et Sonia (la prétendante lascive de Rohan).


Une rivalité sportive

Elle donne lieu à de belles séquences sportives, malgré le caractère incompréhensible du jeu pour ceux qui n'ont pas la chance de faire partie du Commonwealth. Les règles sont opaques, ça court, ça tape dans la balle, on se regarde... Les scores sont improbables ... et cela reste haletant. Cette rivalité sportive ne masque à aucun moment la rivalité véritable qui oppose Inde et Pakistan, pourtant "enfants d'une même mère" comme il est dit dans le film. Le match annuel, sous forme de coupe pour la paix, se tient dans la nuit du 14 au 15 août, date de l'indépendance et de la partition.

Bollywood a ces vingt dernières années vu de très réjouissants films sportifs, de Lagaan (cricket aussi) à Chak de! India (hockey) en 2007, Dangal (lutte) en 2016, pour ne citer que ceux-là.


L'identité de l'Inde

Il s'agit ici d'une Inde rêvée (rurale et heureuse) par opposition à un Pakistan dont le portrait est peu fouillé. Ici il n'est pas question des maltraitances envers les faibles, que ce soit les enfants, les femmes ou les pauvres. Les scènes sont principalement tournées en plein air, lumineuses et joyeuses.

Il est question du Pakistan, mais également - et surtout - du Royaume Uni, en particulier, et de la diaspora indienne, en général. Le film sous-entendrait que l'Inde ne peut atteindre la victoire (le mot djit revient souvent dans les dialogues) que si sa diaspora rentre au pays.

Ce que le père de Rohan ne cesse de marteler, avec une bonne dose de chantage affectif vite insupportable.


Un militantisme maladroit

Il y a quelquefois dans ce film de la pédagogie à deux sous qu'on a du mal à décrypter : par exemple on ne sait pas trop pourquoi les joueurs s'inclinent devant le cortège hindou, devant le stade, tout en refusant de laisser faire des essais à la jeune joueuse.


Un tandem d'acteurs formidable : Rani Mukerji et Shahid Kapoor

Elle est épatante dans ce double rôle. Comme elle l'est par ailleurs dans d'autres films de qualité (Saawariya).

Shahid Kapoor est fils d'acteur, comme beaucoup. Il fait partie de la nouvelle génération : né en 1981, il est séduisant, radieux, et excellent danseur. La chemise toujours largement ouverte, il n'a pas peur d'exhiber un corps longuement travaillé (un standard récurrent dans le monde de Bollywood).


Faiblesse des seconds rôles

Les seconds rôles ne sont pas à la hauteur : c'est bien dommage, dans un film rondement mené comme celui-ci, que les personnages secondaires soient délaissés. On a surtout le jeu ou faible ou surjoué d'Anupam Kher, qui est pourtant un acteur mature (né en 1955). Il n'est pas souvent convaincant, ni sympathique (dans ce film et dans les nombreux autres).


Buffalo girl

On s'amuse bien quand Veera rencontre Rohan pour la première fois, et confrontée à ses préjugés de jeune homme tout droit arrivé de Londres, se moque de lui en parlant en charabia. Il la surnomme Buffalo girl.


Les chansons : peu mais bien

Quatre chansons seulement, mais toutes entrainantes avec des chorégraphies construites et agréables. Pour n'en citer que deux :

Une première danse sous forme de spectacle de théâtre, avec la danse des bâtons. Shanno et en face, Veera déguisée en homme.

La seconde chanson met en scène une fête de village, avec du bhangra, et la présence de l'ami pakistanais invité.


Intermission

Le milieu du film est prétexte pour passer deux fois (du moins sur le DVD) la scène grivoise de la nudité sous la douche. C'est une chose assez rare que l'évocation de la nudité féminine dans les films de Bollywood qui arrivent jusqu'à nous pour le signaler.

Sarji
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le 18 janv. 2024

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