Banlieue-land
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Dans une banlieue de la région parisienne où se côtoient trafics et économie souterraine, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de marcher dans les pas de Rebecca, une "dealeuse" qui règne en maître sur le quartier. Sa rencontre avec Djigui, un vigile qui veut devenir danseur professionnel, va bouleverser son quotidien.
Cette critique contient de nombreux SPOILERS.
Caméra d'or lors du dernier festival de Cannes (prix pour une première réalisation), "Divines" est arrivé dans les salles précédé d'une très bonne réputation et d'un très bon "bouches à oreilles". Si je savais que le film portait sur la banlieue et les rêves de réussite de 2 adolescentes qui n'ont pas froid aux yeux, je n'avais pas vraiment anticipé les messages d'un long métrage qui n'a rien de neutre. Le film constitue une synthèse entre les films de banlieue et le "Scarface" de Brian de Palma.
"Divines" traite de la banlieue car on y voit ce que l'on voit trop souvent: la fauche, le trafic de stupéfiants et la rebellion systématique contre l'autorité comme ce passage du film affligeant ou Dounia se "paie la tête" de son enseignante qui tente tant bien que mal de lui donner des conseils pour la formation BEP accueil.
"Divines" flirte aussi avec le film de gangsters dans la mesure où les 2 gamines ont des rêves de grandeur et du culot, tellement qu'elles rêvent, elles aussi, de régner sur leur banlieue, à la façon de Tony Montana -qui manquait déjà singulièrement de sobriété-, et de s'établir à Phuket, en Thailande (dommage... la Thailande était plutôt bien fréquentée jusqu'à présent...).
En grande partie, le film fait l'éloge du culot, des trafics en tout genre et du refus du système..."...c'est tellement con d'aller bosser comme tout le monde pour 1400 euros par moi" clame Dounia lors de son altercation avec son enseignante, comme si Dounia surnommée "la batarde"méritait une destinée plus brillante alors qu'elle vit avec sa "déséquilibrée de mère" dans un bidonville peuplé de Roms le long de l'autoroute A3....
De même, la toute fin du film est ridicule, le réalisateur dénonçant des pompiers qui ne veulent pas intervenir dans la cité sans la police alors que le feu qui a pris dans une cave est, encore une fois, le fait d'agissement irréfléchis de ces gamines inconséquentes mais que l'on montre du doigt "les insuffisances de l'autorité de l'Etat"...ce qui est simultanément malhonnête et odieux car chacun sait que les pompiers peuvent se faire "caillasser" dans les quartiers dits "sensibles".
Pourtant, le film connait de rares périodes de grâce et de lumière, ceux où Dounia se laisse apprivoiser par le vigile/danseur Djigui (Kevin Mischel) qui lui, veut s'en sortir "par le haut" grâce au travail et à la persévérance. Pourtant, elle ne saisira pas sa chance le soir de la représentation à laquelle il l'a invitée, préférant se livrer à un ultime méfait qui sera lourd de conséquences...
"Divines" est donc un film féministe, de glorification des "magouilles", de l'argent facile et du grand banditisme, entre "tout ce qui brille" et "Scarface", qui fait l'erreur, à mon sens, de glorifier ce qu'il ne devrait pas.
Ma note: 4/10
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les films que je n'ai pas aimés en 2016....
Créée
le 24 oct. 2016
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3 j'aime
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